Devant le regain de l’épidémie, plusieurs pays dans le monde ont dû reconfiner. Avec plus de 23.000 cas pour plus de 430 décès à la date du 25 novembre, le Cameroun fait partie des États les plus touchés par la pandémie en Afrique subsaharienne. La multiplication récente de nouveaux malades et la baisse de la vigilance font craindre, après une période de relative accalmie, une deuxième vague de contamination qui pourrait ici aussi mener à un reconfinement.
L’hypothèse avait déjà été évoquée le 18 novembre face à la presse par la directrice de la promotion de la santé publique au ministère de la Santé, le docteur Fanne Mahamat, au cours d’un débriefing consacré à l’évolution de la pandémie dans le pays.
«La lassitude constatée chez la majorité d’entre nous et la forte envie d’un retour à la vie normale ne doivent pas nous faire perdre de vue que le danger reste présent», avait-elle alors prévenu.
Résurgence de nouveaux cas
À la fin du mois d’août dernier, alors que le Cameroun comptait plus de 18.000 cas confirmés, les autorités sanitaires annonçaient une stabilisation de la courbe des contaminations tout en prescrivant la vigilance.
À l’entrée de la plupart des supermarchés, les dispositifs installés au plus fort de la pandémie –comme les fontaines pour se laver les mains ou les gels hydroalcooliques– ne sont plus que des objets de décoration. Les agents de sécurité qui veillaient au strict respect des dispositions sanitaires ont eux aussi baissé les bras. Dans les bâtiments administratifs, les affiches rappelant le port du masque et la désinfection des mains sont partout mais elles ne retiennent que peu l’attention.
Cependant, depuis fin octobre, de nouvelles alertes en provenance de plusieurs régions du pays font état d’une recrudescence du virus. Mi-novembre, Awa Fonka Augustine, le gouverneur de la région de l’Ouest, évoquait déjà «une résurgence exceptionnelle» de cette pandémie dans sa circonscription, après une «légère période d’accalmie».
La nécessité de rester vigilant
Une illustration parmi tant d’autres qui amène à questionner sur la baisse de vigilance dans le pays. Pour le docteur Parfait Bvoum, épidémiologiste camerounais, cette résurgence est à mettre sur le compte de l’irresponsabilité collective.
«Cette inconscience collective s’observe dans toutes les couches de la société. Il y a également le fait que le virus était déjà présent au sein des communautés. Il s’est endormi mais se réveille au fil des jours, c’était prévisible», lance-t-il à Sputnik.
Dans un communiqué rendu public début novembre, René Emmanuel Sadi, le ministre de la Communication et également porte-parole du gouvernement, tout en soulignant que «le Covid-19 est toujours d’actualité et que nombre de cas ont été enregistrés ces dernières semaines», tirait déjà la sonnette d’alarme. «Le gouvernement de la République rappelle à la communauté nationale tout entière que la pandémie de coronavirus n’est à ce jour ni vaincue ni éradiquée au Cameroun», disait-il, appelant au sens de responsabilités des citoyens en vue du respect des règles établies.
«Les conséquences pourraient être terrifiantes parce que si la première vague a été relativement dévastatrice, la seconde –qui sera d’abord communautaire– fera plus de dégâts .On sera peut-être obligé de fermer à nouveau les lieux de rassemblement public», prévient l’épidémiologiste.
Face à la menace d’une seconde vague que tout le monde redoute, Dr Fomena, médecin pharmacien au Cameroun, prescrit la sensibilisation et l’éducation des masses. Pour lui, «il est important de mettre l’accent là-dessus parce que les personnes vulnérables seront plus exposées».
«Il y a comme une sorte d’immunité collective et les porteurs asymptomatiques font perdre de vue que des couches vulnérables demeurent. Seul le respect des mesures barrières permettra de les protéger en attendant une solution pharmaceutique plus efficace et préventive», explique-t-il au micro de Sputnik.
Au moment où l’Europe subit une hausse des cas, certains pays d’Afrique, comme le Cameroun, après une relative accalmie à l’automne, voient leur courbe de contamination grimper chaque jour un peu plus. Mais si de nombreuses alertes sont lancées pour un respect plus accru des dispositions sanitaires, les populations dans leur majorité n’y prêtent pas une oreille attentive. On ne peut que constater l’échec des «études alarmistes» qui avaient été faites sur le continent.