En cette journée internationale de l’élimination des violences à l’égard des femmes, la psychiatre Muriel Salmona a répondu aux questions du HuffPost concernant les efforts fournis par Emmanuel Macron dans l’égalité entre les femmes et les hommes, grande cause de son quinquennat. Si elle reconnaît la mise en place de certaines mesures, notamment la plateforme gouvernementale à laquelle elle a participé, elle estime que beaucoup reste encore à faire.
Selon elle, le bilan de Macron sur le sujet est jusqu’à maintenant «très décevant». De nombreuses propositions ont été mises sur la table, mais le manque de moyens à disposition n’a pas permis d’obtenir de résultats suffisants. «On est très en deçà de ce qu’il faut faire, surtout sur le volet impunité. La justice, sauf ponctuellement, échoue à faire condamner les violences sexuelles», déplore-t-elle.
En effet, les chiffres découverts en juillet dernier par Éric Dupond-Moretti parlent pour eux-mêmes: seuls 10% des viols font l’objet d’une instruction et 1% des violeurs sont condamnés. Si elle salue l’augmentation du budget de la Justice de 8%, elle considère que cela n’est pas suffisant car «la justice est dans un état catastrophique».
Importance de la formation
Spécialiste des violences sexuelles et des violences faites aux enfants, elle souligne que la France est particulièrement mal positionnée dans la lutte contre la pédocriminalité. «Les fichiers pédocriminels partagés sur Internet ont doublé, la France est l’un des pays où il en circule le plus au monde: on compte environ 80 millions de vidéos ou photos, ce qui nous met à la deuxième place dans le monde», prévient-elle.
«La France est le paradis des violeurs et personne ne semble s’en inquiéter. 80% des enfants violés sont des filles. Une fille sur cinq subit des violences sexuelles, dont la moitié avant dix ans», poursuit-elle, soulignant l’importance de former des effectifs, à la fois les policiers pour le traitement des signalements et les médecins pour l’aide psychologique aux victimes.
«Les médecins ne sont pas formés aux violences psychotraumatiques, alors même que les étudiants en médecine le demandent. On a une société patriarcale qui préfère encore parler d’hystérie ou de névroses pour expliquer une dépression ou des tentatives de suicide alors qu’il faut dépister les violences sexuelles», dénonce-t-elle avant de conclure: «la culture du viol et de la violence sont encore bien en place».