L’Assemblée nationale a voté dans la nuit de vendredi à samedi une mesure permettant aux forces de l’ordre en dehors de leur service de conserver leur arme lorsqu’ils accèdent à des établissements recevant du public, certains élus redoutant des «dérapages».
Avec émotion, le député LREM Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du Raid, a évoqué le «massacre» du Bataclan de novembre 2015. Parmi les spectateurs du concert, «il y avait trois policiers» dans la salle, «ils n’ont pas pu intervenir», «l’entrée avec l’arme de service était interdite, car il y avait une fouille».
Depuis, «les policiers et les gendarmes sont autorisés à avoir leur arme hors service, sur volontariat et dans certaines conditions». Et ils peuvent «rentrer dans des établissements recevant du public», mais «certains» leur refusent l’accès, notamment ceux avec des «portiques à l’entrée», a-t-il poursuivi.
La mesure proposée dans la loi «sécurité globale» vise à leur permettre d’accéder à ces établissements.
Plusieurs élus font part de leurs doutes
Plusieurs élus ont fait part de leurs doutes comme le communiste Stéphane Peu. «On n’est pas sûr que ce soit une vraie protection», il «peut y avoir des dérapages».
«Avec une arme qu’on échappe dans une boîte de nuit, on peut créer la panique, avoir l’effet contraire à celui recherché», s’est inquiété le député LREM Sacha Houlié.
Ca «fait du policier quelqu’un qui ne décroche jamais vis-à-vis de son boulot», a complété l’insoumis Alexis Corbière. Et dans un concert de rock» comme au Bataclan, c’est «extrêmement dangereux d’avoir une arme», selon lui.
«Ce qui est demandé, ce n’est pas de multiplier les armes partout. Je suis contre ça, je suis contre une société à l’américaine», a souligné M. Fauvergue (LREM), co-rapporteur de la proposition de loi. «Le but» est que puissent «intervenir à l’intérieur» «ces «policiers-là qui sont volontaires, entraînés et qui ont sur eux la carte de service».
Pour offrir une «garantie supplémentaire», le gouvernement a fait voter un amendement promettant un décret en Conseil d’Etat pour cette mesure, plutôt qu’un simple arrêté du ministère de l’Intérieur.