Des biologistes et historiens autrichiens et italiens ont étudié la composition du matériau biologique présent sur sept dessins de Leonardo da Vinci et ont découvert une variété inattendue de bactéries, de champignons et d'ADN humain, rapporte la revue Fronters in Microbiology où les résultats de l'étude ont été publiés.
Les scientifiques de l’université des Ressources naturelles et des sciences de la vie de Vienne, sous la direction de Guadalupe Piñar et avec leurs collègues de l'Institut central de pathologie des archives et des livres de Rome, ont utilisé pour analyser le microbiote des dessins une approche génomique innovante, appelée Nanopore, combinant la méthode de séquençage de troisième génération avec l'amplification du génome (WGA).
«La sensibilité de la méthode de séquençage Nanopore propose un excellent outil pour l’étude des œuvres d'art; elle permet d'estimer le microbiote et d’en visualiser les composantes. Il est possible d’utiliser cette approche pour la création de bio-archives de l'histoire des œuvres d’art», indique le communiqué de presse du journal, citant Guadalupe Piñar.
Il s'agit de la première étude complète des œuvres du grand artiste italien, mais pas de la première utilisation de cette approche dans le domaine de l'art.
De quoi s’agit-il?
Malgré l'absence de dommages visibles sur le papier, les chercheurs ont trouvé des traces d’une grande quantité de bactéries. Dans l'ensemble, les bactéries dominaient les champignons, alors qu'autrefois des scientifiques croyaient que ce seraient l’inverse et que les champignons contribuaient à détruire les dessins au fil du temps, de sorte que les mesures visant à préserver les œuvres étaient principalement dirigées contre les champignons.
Les chercheurs estiment qu'une grande proportion de ces bactéries, typiques du microbiome humain, a été laissée de côté pendant les travaux de restauration. En ce qui concerne des séquences liées à des microbes d’insectes, ils sont probablement les restes d’excréments de mouches.
Et à qui l'ADN humain appartient-il?
La deuxième observation intéressante est la présence d'une grande quantité d'ADN humain. Les chercheurs notent qu'il n'y a aucune raison d'affirmer qu'il s'agit de l'ADN du maître lui-même.
Il est plus probable que ces traces aient été laissées par les restaurateurs depuis des années. Les auteurs de l'étude ont pu établir une corrélation géographique entre les communautés bactérienne et fongique. Leur analyse indique que les dessins ont longtemps séjourné à Turin et à Rome.