Recteur de Notre-Dame: «Quand on est en situation "de guerre", on peut toujours prier dans son cœur» - vidéo

La détermination des catholiques lors des rassemblements «pour la messe» organisés ce week-end devant diverses églises n’a pas eu raison de la décision du gouvernement: pas de reprise des cultes avant la mi-décembre. Monseigneur Patrick Chauvet, recteur de Notre-Dame, souligne le caractère «existentiel et essentiel» de la messe pour les fidèles.
Sputnik

Depuis le 29 octobre dernier, il n’est plus possible de se rassembler dans les «établissements de culte»: aussi bien les églises que les synagogues ou mosquées. Si les juifs et les musulmans ont suivi les ordonnances de l'article 47 du décret gouvernemental, les catholiques de certaines paroisses emblématiques comme Saint-Sulpice à Paris ont organisé à partir de vendredi dernier des manifestations «pour la messe» devant leurs églises fermées.

​Il existe dans la capitale un cas à part, celui des paroissiens de Notre-Dame de Paris, qui sont privés de messe depuis l’incendie d’avril 2019. Tout en «comprenant les consignes sanitaires» du moment, Monseigneur Patrick Chauvet, recteur de la cathédrale, argue au micro de Sputnik que «le gouvernement doit se rendre compte d’une forte demande».

Prière collective, «un besoin essentiel»

Le recteur de la cathédrale parisienne meurtrie rappelle que «pour les chrétiens, la messe est une question de vie ou de mort», qu’elle est «une nourriture existentielle et essentielle». Mais il note également «une sorte de paradoxe»: l’absence de messe réveille le désir d’aller à la messe.

«Nous avons besoin, en ce temps d’épidémie, d’avoir un fort être intérieur, comme le disait Saint-Paul. Les évêques l’ont toujours dit: il faut que l’État sache que l’eucharistie, les messes ne sont pas secondaires pour nous», avance Monseigneur Patrick Chauvet.

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Si les lieux de culte restent ouverts et que les fidèles sont autorisés à y entrer, «tout rassemblement ou réunion en leur sein est interdit à l'exception des cérémonies funéraires dans la limite de 30 personnes». Sans connaître le résultat d’une «discussion du ministre des cultes, du Premier ministre et des évêques de toutes les religions pour voir s’il y a un assouplissement», en cours ce lundi, le recteur de la cathédrale émet quelques suppositions:

«Je pense qu’on s’achemine dans ce dialogue vers des conditions encore plus drastiques pour les messes du dimanche, à savoir sur le nombre de personnes.»

Monseigneur Chauvet atteste que les lieux de culte ont observé «toutes les conditions sanitaires imposés: la distance, le masque, le gel, le nombre de personnes». Mais ses espoirs ont étés douchés suite à la réunion sur le sort des lieux de culte: la reprise des cérémonies religieuses publiques ne se feraient pas avant le 1er décembre, certains médias évoquant même «la mi-décembre», plutôt pour les fêtes de Noël.

Critiqués pour «se donner en spectacle»

Malgré la mise en garde de Gérard Darmanin, des catholiques ont organisé ce week-end des manifestations devant des églises à travers toute la France. Ils étaient 250 à Rennes, plusieurs dizaines à Chambéry, une centaine à Reims, mais aussi plusieurs centaines à se réunir à Nantes, Bordeaux, Bourges ou Tours. À Paris, la préfecture a interdit le rassemblement prévu sur la place Saint-Sulpice, mais près de 600 fidèles se sont réunis ce dimanche à Versailles pour demander le retour de la messe.

​Certaines voix sur les réseaux sociaux ont accusé ces manifestants de «se donner en spectacle». Face à ces critiques, Monseigneur Patrick Chauvet, qui célèbre quotidiennement la messe et les vêpres sur la chaine de télévision KTO, rappelle le rôle d’une prière commune:

«Quand on est en situation “de guerre”, comme c’est le cas, on peut toujours prier dans son cœur. On peut prier chez soi, faire oraison, dire la parole de Dieu, chanter les psaumes. Il n’empêche qu’on a besoin d’être aidé, entrainé aussi, pour pouvoir prier.»

Le prêtre assure avoir «beaucoup de téléspectateurs» sur la chaîne catholique spécialisée. Pour lui, «cela confirme qu’ils ont besoin d’aide».

«Je ne sais pas s’ils se “donnaient en spectacle”. Ça exprimait un désir profond d’aller à la messe. Si on a l’autorisation, nous verrons s’il y a beaucoup de monde qui se précipite dans nos églises», conclut Monseigneur Patrick Chauvet.
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