Ça y est: huit ans de négociations ont finalement porté leurs fruits. «Un événement historique», c’est ainsi que le secrétaire-général de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), Dato Lim Jock Hoi, a décrit la signature ce dimanche 15 novembre du Partenariat économique régional global (RCEP), la plus grande zone de libre-échange dans le monde, réunissant 2,2 milliards de personnes et représentant 30% du PIB mondial, informe un communiqué de l’organisation. La signature de cet accord ambitieux par 15 pays de l’Asie-Pacifique s’est déroulée le 15 novembre en visioconférence en marge du sommet de l'ASEAN.
«La signature de l’accord RCEP est un événement historique, car il souligne le rôle de l’ASEAN dans la direction d’un accord commercial multilatéral d’une telle ampleur, malgré les défis mondiaux et régionaux et huit ans de négociations», a déclaré Dato Lim Jock Hoi, dont les propos sont repris dans le communiqué.
Un «coup de pouce indispensable» à l'ère du Covid-19
«Le RCEP donnera un coup de pouce indispensable pour une reprise rapide et robuste pour les entreprises et les peuples de notre région, notamment pendant la crise actuelle du Covid-19», a par ailleurs déclaré le secrétaire-général de l’ASEAN.
Le Premier ministre chinois Li Keqiang, qui a également participé à la cérémonie, a qualifié l'événement de «triomphe du multilatéralisme et du libre-échange», fait savoir une note parue sur le site du ministère chinois du Commerce le même jour. Le RCEP augmentera «l’attractivité et la compétitivité» de la région, et deviendra non seulement «un puissant stimulant» pour la reprise économique dans la région sur fond de pandémie, mais aussi «un moteur important pour la croissance mondiale», a-t-il souligné.
Les barrières éliminées pour plus de 65% des marchandises
Dès son entrée en vigueur, le RCEP améliorera l'accès au marché des pays participants, les droits de douane et les quotas étant éliminés pour plus de 65% des marchandises échangées, explique le communiqué de l’organisation. Avec l’établissement de «règles communes concernant l’origine» des marchandises et «des réglementations transparentes», l'accord rendra les affaires parmi les pays membres «prévisibles».
RCEP vs TPP
Pendant des années, le projet de RCEP était en concurrence avec un autre projet économique ambitieux, esquissé sous l’égide des États-Unis et négocié sous Barack Obama, l’Accord de partenariat transpacifique (TPP). Initialement, ce traité multilatéral de libre-échange était censé inclure 12 parties prenantes: États-Unis, Canada, Mexique, Chili, Pérou, Japon, Malaisie, Vietnam, Singapour, Brunei, Australie et Nouvelle-Zélande. La participation de la Chine n’était pas prévue. Regroupant 800 millions d'habitants et 40% du PIB mondial, le TPP devait devenir la plus grosse zone de libre-échange sur Terre. Sauf que, une fois à la Maison-Blanche, Donald Trump a signé un décret qui désengage les États-Unis de cet accord.
Après le retrait de son plus grand participant, les autres membres n'ont pas abandonné le TPP qui, certes, est devenu moins pesant, économiquement parlant. Rebaptisé Partenariat transpacifique global et progressiste, le traité sans quelques clauses initiales est entré en vigueur en 2018. À ce jour, il est ratifié par sept pays: l'Australie, le Canada, le Japon, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, Singapour et le Vietnam.