Travail des enfants ou «transfert de compétences»? Un article du Guardian crée la polémique

Un article du Guardian tentant de tracer une frontière entre travail des enfants et «transfert de compétences» crée la controverse. L’auteure y appelle à se départir d’une certaine vision occidentale en la matière.
Sputnik

Un article appelant à contextualiser le travail des enfants avant de le condamner a été mis en ligne par le Guardian. La publication est parue dans la section «Global development» du journal, financée par la Fondation Bill et Melinda Gates.

Son auteure, Elizabeth Sibale, née au Malawi, explique avoir elle-même été confrontée à certains labeurs durant son enfance sur le continent africain. Obligée de transporter des sceaux d’eau sur «deux kilomètres par une chaleur de 30°C», ou de «piler le maïs dans un mortier» pour préparer la cuisine, l’auteure refuse néanmoins de faire le lien entre son expérience et le travail des enfants.

Elle y voit plutôt l’apprentissage de «compétences de vie» et appelle à juger chaque situation selon le contexte local. Elizabeth Sibale, qui travaille pour le cabinet de conseil international Palladium, remet aussi en cause le bien-fondé des normes internationales sur le travail des enfants, notamment concernant le continent africain.

«Où tracez-vous la distinction entre ce qui est internationalement considéré comme un crime et un processus naturel de transfert de compétences? Les préoccupations internationales concernant les droits de l'enfant sont-elles pertinentes pour l'Afrique? […] À l'exception des grandes organisations mettant des enfants au travail, le contexte local est primordial», déclare-t-elle dans son article.

Optique occidentale

L’auteure affirme encore que l’acquisition de ces compétences permet aux enfants de devenir «autonome et résilients» et de mieux subvenir à leurs besoins au sein de la communauté.

Elle appelle à se départir d’une «optique occidentale» sur le travail des enfants pour mieux faire «la distinction entre l’exploitation et le transfert de compétences de vie». Un changement de vision nécessaire, notamment pour les agents de développement travaillant au sein des communautés locales, selon elle.

«Nous devons embrasser les lignes floues et la complexité des normes culturelles. Le monde ne doit pas être peint avec un seul pinceau», conclut Elizabeth Sibale dans son article.

Des propos qui ont suscité l’indignation de plusieurs internautes sur les réseaux sociaux. Certains s’étonnant que la fondation liée au milliardaire Bill Gates puisse cautionner cette publication sur le travail des enfants.

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