Au Togo, après plus de sept mois sans aller à l’école, un peu moins de 3 millions d’élèves ont retrouvé leurs salles de classe ce 2 novembre au titre de l’année académique 2020-2021. Au début du mois d’avril 2020, le Président Faure Gnassingbé avait décrété la fermeture de tous les établissements scolaires pour limiter la propagation de la pandémie de coronavirus.
Les élèves qui devaient passer des examens nationaux ont pu être évalués après quelques semaines de cours de rattrapage. Tous les autres n’ont validé leur année que sur les résultats des deux premiers trimestres, d’après une recommandation du gouvernement.
Pour cette reprise, le gouvernement a pris une kyrielle de mesures afin de ne pas convertir les écoles en foyers de contaminations au Covid-19. Entre autres, le port du masque a été décrété obligatoire pour tous.
Masques artisanaux
Pour faciliter l’accès aux masques, le professeur Dodzi Kokoroko, ministre des Enseignements primaires, secondaires, techniques et de l’Artisanat, a annoncé à la veille de cette rentrée une subvention à hauteur de 80% du coût des masques artisanaux dont la qualité a été approuvée par l’Institut national d’assurance maladie (INAM), afin que les parents d’élèves puissent les obtenir à moindre coût.
«Les masques INAM coûtent 265 francs CFA (environ 0,40 euro), le gouvernement les a sponsorisés pour les apprenants comme pour les enseignants, pour la modique contribution de 50 francs CFA (0,08 euro) afin d’en garantir la disponibilité et l’accessibilité», a déclaré Dodzi Kokoroko.
Le gouvernement a également demandé aux établissements de disposer seulement deux élèves par table-banc et de ne pas aller au-delà du nombre de 60 apprenants par classe –un nombre qui est largement dépassé en temps normal– de manière à garantir la mesure de distanciation.
Il a aussi promis aux enseignants un doublement de leurs effectifs pour pouvoir supporter le poids du dédoublement des classes, qui est une conséquence de la mise en œuvre des décisions susmentionnées. Un concours national de recrutement d’enseignants sera à cet effet lancé dès le mois de novembre 2020, a assuré le ministre togolais de l’Enseignement.
Mais ces dispositions n’ont pas fait disparaître les inquiétudes.
Les établissements en difficultés
En ce premier jour de rentrée, plusieurs établissements ont rencontré des difficultés, si bien que les enseignants éprouvent des craintes quant à la sécurité des enfants.
Folly Afoua, institutrice des élèves du cours élémentaire de 1ère année, a expliqué à Sputnik que l’école n’avait «pas d’autre choix» que de procéder ainsi. L’établissement manque en effet cruellement de table-bancs et de salles de classe pour contenir toutes les demandes d’inscription.
«Nous continuons d’enregistrer des élèves parce que leurs parents n’ont pas les moyens de les inscrire dans le privé si nous refusons. Et il faut que ces enfants commencent vraiment leurs études maintenant. Donc nous sommes obligés de les recevoir. C’est pourquoi nous appelons le gouvernement à nous trouver des tables-bancs en attendant, pour sauver la situation», a-t-elle indiqué.
L’institutrice a émis de vives inquiétudes quant au risque de contamination si un seul élève de sa classe développait le coronavirus.
Ces mêmes difficultés ont été rapportées par les médias locaux à propos d’autres établissements d’enseignement public où des élèves, par manque de place, ont dû s’asseoir à même le sol ou ne pas respecter les mesures de distanciation.
L’autre exercice auquel les enseignants se sont astreints, dès ce premier jour de rentrée, est l’éducation au lavage systématique des mains, a expliqué à Sputnik Gblomakou Kodjo, enseignant à l’école primaire La Nouvelle marche.
Il a assuré que tous les enseignants ont reçu pour instruction de rappeler régulièrement aux élèves ces gestes.
«Notre engagement est qu’aucun cas de Covid-19 ne soit signalé ici dans notre établissement», a affirmé Gblomakou Kodjo.
Une bonne volonté mise à l’épreuve des faiblesses structurelles.