La France n’est finalement plus seule dans la souffrance. Alors que l’Hexagone se remet à peine des lourdes attaques islamistes sur son sol, l’Autriche est à son tour frappée: dans la nuit du 2 novembre, Vienne a subi un attentat djihadiste qui a fait au moins quatre morts et une quinzaine de blessés.
Originaire de Macédoine du Nord et «sympathisant» du groupe djihadiste État islamique* selon le gouvernement, Kujtim Fejzulai, déjà condamné en 2019 pour avoir tenté de rejoindre la Syrie, a frappé en plein cœur de la capitale, près d’une synagogue, de l’opéra et de plusieurs restaurants. Armé d’un fusil d’assaut et d’une ceinture d’explosifs factice, l’assaillant a été tué par la police après avoir tiré sur des passants.
«La France est une cible privilégiée»
Les réactions internationales ne se sont pas fait attendre. La chancelière Angela Merkel a souligné que «le combat contre ces assassins et leurs instigateurs est notre combat commun», Donald Trump que «les États-Unis se tiennent aux côtés de l’Autriche, de la France et de l’Europe tout entière dans le combat contre les terroristes, y compris les terroristes islamiques radicaux» et Emmanuel Macron a déclaré que «l’Europe est en deuil». Le Président de la République s’est même rendu ce 3 novembre à l’ambassade d’Autriche à Paris afin d’apporter «son soutien inconditionnel au peuple autrichien.»
La vague terroriste qui s’est abattue sur la France au mois d’octobre et l’immense polémique sur les caricatures de Mahomet qui s’en est suivie semblent avoir occulté le fait que l’Europe tout entière est la cible régulière d’attentats. Attaquée pour sa défense de la laïcité, la France est également dans le collimateur pour son intervention dans le Sahel. L’ancien officier supérieur des services de renseignement extérieurs le confirme au micro de Sputnik:
«Il est vrai que la France est une cible privilégiée parce que nous sommes à la pointe du combat anti-djihadiste, en particulier à l’heure actuelle au Sahel. Ces derniers jours, il y a eu d’ailleurs une opération remplie de succès, puisque 50 djihadistes ont été neutralisés. Il est donc vrai que la France est visée, mais pas qu’elle.»
Celui-ci considère toutefois que la France et ses médias ont oublié «que nos voisins étaient régulièrement attaqués, je pense en particulier à la Grande-Bretagne, je pense à l’Allemagne», des pays qui subissent régulièrement des attaques au couteau.
Vers une communauté européenne du renseignement?
Le 4 octobre à Dresde, un jeune Syrien assassinait au couteau un touriste allemand, un acte pour lequel le gouvernement allemand dénonçait la «menace permanente» de la «terreur islamiste». Londres est aussi dans le viseur des islamistes: la capitale britannique a été confrontée à plusieurs attaques terroristes, notamment celle du London Bridge en novembre 2019, qui a fait deux morts. En mai 2017, un djihadiste s’est fait exploser au concert d’Ariana Grande à Manchester, faisant 22 tués.
Alain Rodier évoque également le cas de la Belgique, durement touchée en mars 2016 à Bruxelles avec 32 morts ou encore les attentats de Catalogne en août 2017 avec un bilan de 16 victimes. D’autres pays en Europe tels que l’Italie sont «effectivement moins touchés», mais rien ne dit que dans l’avenir, «malheureusement ça ne peut pas leur arriver». À qui donc s’attaquent les djihadistes? La réponse du spécialiste fuse:
«Aux kouffars, c’est-à-dire aux mécréants. Puisque les djihadistes appliquent un salafisme extrêmement dur, nous, les kouffars sommes considérés comme des ennemis à abattre ou à soumettre. On est attaqués en tant que kouffars.»
Tous dans le collimateur, mais désunis pour s’en prémunir, tel est le constat déploré par Emmanuel Macron, qui a appelé à la mise en place d’une réponse européenne contre «des ennemis qui s’attaquent à ce qu’est l’Europe». Le chef de la diplomatie italienne, Luigi di Maio est allé encore plus loin que l’hôte de l’Élysée en proposant un «Patriot Act» européen, à l’image de la loi antiterroriste américaine adoptée après le 11 septembre 2001. Il a ainsi évoqué un «renforcement des contrôles sur les mosquées avec la coopération des communautés islamiques et de l’islam modéré, qui a toujours condamné» ces attaques.
*Organisation terroriste interdite en Russie