Tirs de sommation de la police biélorusse lors d’une marche non autorisée à Minsk

Plusieurs centaines de personnes se sont réunies ce dimanche à Minsk pour une marche en mémoire des victimes des répressions staliniennes qui n’avait pas été autorisée. La police a procédé à des coups de semonce et utilisé des grenades assourdissantes pour contenir les manifestants, selon les médias.
Sputnik

Une marche d’opposition non autorisée s’est déroulée ce dimanche 1er novembre à Minsk et dans sa banlieue nord-est Kouropaty à l’occasion de la Journée des aïeuls (Dziady) célébrée en Biélorussie le 2 novembre.

Réunis sur l’avenue de l’Indépendance, les manifestants avaient l’intention de se rendre à Kouropaty pour rendre hommage aux victimes des répressions staliniennes enterrées près de ce village. Selon différentes estimations, entre 30.000 et 200.000 personnes ont été exécutées dans cette région à la fin des années 1930.

Plusieurs cortèges se sont formés. Ils ont notamment défilé avenue de l’Indépendance, rue Gamarnik et rue Karbychev.

Armes non létales utilisées

La police a annoncé avoir procédé des tirs de sommation pour contenir les manifestants.

Les forces de l’ordre «ont utilisé leurs armes non létales pour tirer en l’air en vue d’empêcher que les manifestants ne sortent sur le périphérique et l’avenue de l’Indépendance», a indiqué le service de presse.

Un convoi de véhicules dotés d’un canon à eau et d’autres de fils barbelés a essayé d’atteindre le nord-est de Minsk malgré l’embouteillage provoqué par le passage du cortège. Plusieurs images montrant des blindés et d’autres véhicules militaires en train de traverser la ville ont été publiées sur les réseaux sociaux.

Selon le site d’actualité biélorusse Tut qui cite des témoins, des grenades assourdissantes ont été utilisées dans le nord-est de Minsk pendant le passage de la manifestation. Un incident a eu lieu au croisement des rues Gamarnik et Logoïski trakt où se trouvaient un grand nombre de véhicules de la police, a déclaré un témoin à Sputnik.

Le service de presse de la police n’a pour l’instant ni confirmé ni démenti cette information à Sputnik.

Plus de 150 personnes interpellées

Selon les médias, les forces de l’ordre ont procédé à des interpellations et essayé de dissiper les cortèges avenue de l’Indépendance, rue Volgogradskaïa et rue Kalinovski.

Pendant la manifestation, 154 personnes ont été interpellées à Minsk, Moguilev, Pinsk, Grodno, Osipovitchi et Jodichki, a déclaré le centre de la défense des droits de l’Homme biélorusse Vesna, non enregistré auprès des autorités.

Internet coupé et stations de métro fermées

Trois stations de métro ont été fermées ce dimanche 1er novembre à Minsk au moment où la marche d’opposition a commencé. Les stations ont été rouvertes vers 15h30 heure locale (13h30 Paris), selon l’agence de presse Minsk Novosti qui se réfère au service de presse du métro.

Le débit du réseau Internet mobile, qui a été réduit pendant la manifestation au centre de Minsk, a été complètement rétabli vers 18h10 (16h10 Paris), a annoncé l’opérateur local de téléphonie mobile A1.

La société MTS a pour sa part déploré avoir dû limiter l’accès à Internet ce dimanche en raison des opérations lancées par les forces de l’ordre pendant la marche non autorisée.

Marche commémorative transformée en marche d’opposition

L’opposition biélorusse organise depuis plusieurs années des marches à l’occasion de la Journée des aïeuls du 2 novembre.

Cette année, les autorités n’ont pas autorisé celle vers les lieux d’enterrement des victimes des répressions. L’action s’est déroulée dans le cadre de celles de protestation que l’opposition mène depuis la présidentielle du 9 août.

Certains manifestants ont toutefois réussi à atteindre le cimetière de 15 hectares près de Kouropaty, où ils ont tenu un meeting et déposé des fleurs.

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