Admettant que la politique face à la progression de la pandémie du Covid-19 «ne suffit pas, […] ne suffit plus», Emmanuel Macron a reconfiné la France. Un choix que tout le monde n’approuve pas. Parmi les détracteurs de la décision présidentielle, le collectif «Réinfo Covid», un groupe citoyen «de résistance» au traitement gouvernemental de la pandémie en France. Il réunit des médecins, soignants, chercheurs, scientifiques, juristes, administratifs, chefs d'entreprise, graphistes, artistes, citoyens, directeurs d'établissement, parents d'élèves, geek, etc.
Louis Fouché, médecin anesthésiste-réanimateur à l’AP-HM Hôpital de la Conception à Marseille et un des militants actifs du collectif, évoque dans un entretien à Sputnik «un tissu de manipulations» dans les annonces présidentielles.
«On dit que l’hôpital et la réanimation sont sous tension. C’est vrai. Mais cela arrive chaque année. Oui, on est en tension parce qu’on est dans le système de la tarification à l’acte. On fonctionne à flux tendus dans une idéologie néolibérale mondialiste depuis 15 ans», avance-t-il.
La diminution en 15 ans de «69.000 lits dans la sphère d’hospitalisation» et la baisse de lits de réanimation («sauf les deux dernières années»), ainsi que la réduction du nombre de soignants et d’aides-soignants restent, pour l’activiste, les causes principales de ces tensions.
«Mais on explique aux Français que c’est leur faute», s’insurge le Dr Fouché.
Face au discours présidentiel, l’anesthésiste juge exagérée la «façon violente et brutale d’agresser les Français», de les culpabiliser et le soupçonne d’apporter des réponses «à côté de la plaque».
L’efficacité du confinement vue depuis la réanimation
«Le premier confinement est survenu au moment du pic. De toute manière, ça allait décroître. On a dit que c’était grâce au confinement que l’épidémie avait ralenti. Ce n'est pas vrai», insiste-t-il.
Le médecin marseillais souligne également «les effets secondaires extrêmement délétères» du confinement, avec son lot d’infarctus chez des gens «qui n’osaient pas appeler le SAMU à cause du Covid», de cancers et de leucémies «avec un retard de diagnostic majeur». Il pointe également du doigt une incidence néfaste de l’isolement sur la santé psychologique. «Surprise! L’humain a besoin de liens! Il a besoin d’amour, il a besoin de se toucher!» ironise le docteur, mentionnant «des épisodes dépressifs majeurs et des vagues de suicides» qu’il a observés au sein de son service.
Distinguer le vrai du faux
Dans son discours, Emmanuel Macron a donné des objectifs précis à atteindre pour «ralentir significativement le rythme des entrées à l’hôpital»: réduire les contaminations «de 40.000 par jour à 5.000».
«Aucun des chiffres qu’il a donnés n’est réaliste, ni réel. Il ne correspond pas à quoi que ce soit, il ne provient ni du Conseil scientifique, ni d’aucune étude scientifique», martèle Louis Fouché.
C’est surtout la prédiction du Président des «400.000 morts supplémentaires à déplorer» consécutives à l’éventuel «tri entre les patients à l’hôpital» si le virus n’est pas stoppé que le jeune médecin critique, amusé.
«On a eu 35.000 morts sur la première vague. Et encore, on ne sait pas s’ils étaient tous dues au Covid. C’était les morts ‘avec le Covid’. Dont 10.000 morts en Ehpad que l’on n’a même pas testés», précise le médecin.
Il déplore le fait «que l’on n’arrête pas de faire peur aux gens» sur les statistiques d’une surmortalité liée au virus, pourtant «non avérée» en 2020.
«Si vous avez le PCR qui démarre à 32-34 Ct, cela veut dire qu’il en a très peu [de virus, ndlr] dans le prélèvement initial. Il faut attendre beaucoup de cycles de rétrotranscriptase pour que cela se mette en route. Il se peut qu’il n’y ait même pas de virus. Et surtout, vous n’êtes même pas virifère, vous n’êtes pas contaminant», conclut le médecin.
Et de rappeler que d’une ville à une autre, les laboratoires «ne sont pas unifiés» sur le seuil du «résultat positif».