LREM craint une explosion de colère de la population en raison de la situation du pays

Face aux craintes concernant le terrorisme, le Covid et ses conséquences sanitaires et économiques, le parti présidentiel n’est pas serein concernant le bien-être moral des Français, certains craignent même une recrudescence des mouvements de soulèvement populaire. Des cadres et députés du parti se sont exprimés dans Le Monde.
Sputnik

La population française est celle qui a le moins confiance en son gouvernement dans sa gestion de la crise, indique une étude Odoxa parue au début du mois. S’ajoutent désormais les nouvelles vagues de décès du Covid, l’instauration du couvre-feu et l’assassinat de Samuel Paty. Des élus de la majorité ont exprimé leurs inquiétudes dans Le Monde sur le moral des Français.

«Nous ne pouvons pas vivre ce que nous vivons depuis mars, avec cette peur collective et permanente de la mort, sans que notre société en soit bouleversée», reconnaît le député de Paris Gilles Le Gendre. «Le rapport de nos concitoyens à la politique, déjà malmené, en est un peu plus secoué».

L’ancien président du groupe La République en marche (LREM) à l’Assemblée regrette également le décompte quotidien des décès qui a marqué le confinement au printemps: «C’était France Décès!».

Son successeur Christophe Castaner, ex-ministre de l’Intérieur, déplore quant à lui l’instauration du couvre-feu, même s’il le considère incontestable et indispensable. «Ce sont les espaces et moments de convivialité qui sont encadrés ou proscrits, ces soupapes personnelles que nous avons tous sont en train de disparaître».

Crainte d’une révolte

D’autres membres du parti craignent jusqu’à une révolte. «La jeunesse peut péter un câble si on lui interdit tout… Cela part d’Espagne, des jeunes occupent une place à Madrid, et cela essaime partout en Europe», avertit un macroniste resté anonyme.

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La députée LREM des Bouches-du-Rhône Anne-Laurence Petel souligne que des radars sont à nouveau dégradés et sont «un signal, quand on s’en prend à un symbole de l’État et de l’impôt». Elle estime ainsi qu’il faut «écouter les colères, mais aussi les désarrois» et trouver une solution autre qu’un plan de relance afin d’éviter de nouvelles descentes massives des Gilets jaunes.

«Je ne crois pas en une révolte», indique toutefois l’élu de la Creuse Jean-Baptiste Moreau. «C’est plus un sujet moral, de dépression. Personne ne bouge trop parce qu’il est inquiet, il y a une forme de paralysie», analyse-t-il.

La faute au Covid?

Pour Luc Rouban, membre du Cevipof, le centre de recherches politiques de Sciences Po, ce sentiment de défiance et de vulnérabilité remonte à avant la crise sanitaire. Face à une demande de protection le chef de l’État n’a pas été en mesure d’apporter les mesures nécessaires. 

«Ce qui est nouveau, c’est qu’Emmanuel Macron n’a pas réussi à percer dans cette affaire, contrairement à certains de ses homologues européens», affirme-t-il auprès du quotidien, ajoutant que la colère sociale pourrait être ravivée par la crise sanitaire, «avec en arrière-fond cette idée d’un pouvoir déconnecté».

 

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