L’opposition biélorusse a organisé ce dimanche 25 octobre une manifestation au centre de Minsk qui a été marquée par une attaque contre le département central de la police et s’est terminée par des interpellations, rapporte un correspondant de Sputnik.
Baptisée Marche de l’ultimatum populaire, l’action n’a pas été autorisée par l’administration municipale. Les forces de l’ordre ont renforcé les mesures de sécurité avant le rassemblement programmé pour 14h00, heure locale. Un important dispositif de police et des véhicules spéciaux dont des canons à eau, des camions militaires et des véhicules de police Roubej, ont été déployés à Minsk.
Les places centrales ont été bouclées et 12 stations de métro ont été provisoirement fermées.
Les participants à la marche ont défilé sur plusieurs avenues de Minsk en contournant les barrages de la police, avant de se diriger vers le palais de l’Indépendance, la résidence de travail du Président Alexandre Loukachenko. Les médias locaux ont annoncé qu’une petite échauffourée avait eu lieu devant le barrage de la police protégeant la résidence; personne n’y a été blessé.
Attaque du département central de la police
Ensuite, les manifestants se sont dirigés vers le département central de la police.
Certains d’entre eux ont «jeté des bouteilles et des pierres contre le bâtiment du département central», a annoncé l’agence de presse publique biélorusse Belta sur Telegram.
Celle-ci a diffusé une vidéo montrant les vitres cassées de l’édifice et des pierres couvertes de débris de verre.
Les forces de l’ordre n’ont pas encore commenté cette information.
Interpellations et «moyens spéciaux»
La porte-parole du ministère biélorusse de l’Intérieur, Olga Tchemodanova, a précédemment annoncé à Sputnik que la police avait utilisé des moyens spéciaux et procédé à des interpellations à proximité du département central de la police pour contenir les manifestants et éviter les attaques contre les forces de l’ordre.
Elle n'a pas précisé de quels moyens spéciaux il s’agissait. Des témoins affirment que la police a fait usage de grenades assourdissantes et de balles en caoutchouc et qu’il y a des blessés parmi les manifestants.
«Il y a eu une série de fortes explosions, des éclairs [...]. Une dizaine d'explosions au total. Les gens se sont égaillés dans toutes les directions», a déclaré à Sputnik un témoin.
Le centre de défense des droits de l'Homme Vesna, non enregistré par les autorités biélorusses, a indiqué qu'il disposait d'informations sur l’interpellation de 111 personnes dont sept ont plus tard été relâchées par la police.
Le ministère de l’Intérieur a pour sa part promis de communiquer lundi 26 octobre au matin combien de personnes ont été interpellées et s’il y a des blessés. Mais plus tard dans la soirée, le chef de la police de Minsk a précisé que les forces de l'ordre avaient interpellé quelque 120 personnes et que deux policiers avaient été blessés.
«Marche de l’ultimatum populaire»
La Marche de l’ultimatum populaire a été nommée ainsi en l’honneur de l’ultimatum lancé le 13 octobre à Alexandre Loukachenko par l’opposante Svetlana Tikhanovskaïa, candidate malheureuse à la présidentielle du 9 août.
L’ultimatum expire ce dimanche 25 octobre à 23h59 heure de Minsk (21h59 heure de Paris). Svetlana Tikhanovskaïa y a exigé la démission du Président Loukachenko, l’arrêt des violences policières et la liberté pour tous les «prisonniers politiques». Elle a promis une grève générale en cas de non respect de ces exigences.
Contestation des résultats de la présidentielle
Des manifestations se tiennent en Biélorussie depuis la présidentielle du 9 août remportée par le Président sortant, Alexandre Loukachenko.
Selon la Commission électorale centrale, M.Loukachenko a recueilli 80,1% des voix. Toutefois, l’opposition estime que la victoire revient à sa principale rivale, Svetlana Tikhanovskaïa, qui en comptabilise officiellement 10,8%.
Les manifestations d’opposition se poursuivent dans l’ensemble de la Biélorussie, surtout le week-end. Dans le même temps, les partisans d’Alexandre Loukachenko, qui a été investi Président le 23 septembre, organisent des actions de soutien.
Un Conseil de coordination pour la transition du pouvoir a été créé dans le pays à l'initiative de Svetlana Tikhanovskaïa. Ses membres demandent l’ouverture de négociations et la tenue de nouvelles élections.