Quand des «tesla souterraines» franco-russes bravent la pandémie de Covid-19 - photos

Alors que le monde se mettait en confinement à cause de la pandémie, la Russie a lancé la fabrication de «tesla souterraines» à technologie française dont plusieurs produisent déjà de l’uranium, a déclaré à Sputnik Igor Semenov, président du conseil des directeurs du groupe ARMZ Mining Machinery et lauréat du Choiseul 100 Russie.
Sputnik

Des chargeuses à batteries de nouvelle génération fabriquées en Russie, mais utilisant une technologie française, produisent depuis mars de l’uranium à Krasnokamensk, en Transbaïkalie, a annoncé à Sputnik Igor Semenov, 33 ans, lauréat du classement français Choiseul 100 Russie et président du conseil des directeurs du groupe russe ARMZ Mining Machinery.

«Nous fabriquons des machines dans le cadre d’une coentreprise créée avec la société française Aramine. Elles peuvent servir à extraire de l'uranium, mais aussi des diamants, de l'or, etc. Ce sont des "tesla souterraines" dotées de batteries lithium-ion […]. Nous les fabriquons, mais nous en sommes aussi les principaux consommateurs, c’est inédit», a indiqué M.Semenov.
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Il s’agit d’une production à un taux d’intégration locale très élevé, selon lui.

«Toutes les opérations technologiques se font en Russie: peinture, soudure, carrosserie, châssis, assemblage. Ce n'est pas une production en CKD/SKD [Complete Knock Down/Semi Knock Down, ndlr]. Et nous pouvons y mettre une étiquette Made in Russia», précise le responsable.
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L’accord sur l’intégration locale de production a été signé au salon Mining World Russia 2019 à Moscou. Un an plus tard, une chargeuse L140B, baptisée ARGO en Russie, a été exposée au stand d’Aramine à l’édition 2020 du salon, tenue du 20 au 22 octobre.

Pourquoi des batteries lithium-ion?

Selon M.Semenov, les chargeuses ARGO offrent un environnement de travail plus pur et plus sûr, sont moins bruyantes et «zéro émission».

Chaque batterie, dans un boîtier en acier inoxydable étanche, avec un refroidisseur de charge et un chargeur intégré, pèse 1.200 kilogrammes et prend environ cinq heures pour se charger.

Mais l’extraction d’uranium ne s’arrête pas puisqu’à la demande des mineurs russes Aramine a rendu possible de changer les modules de batteries en seulement 10 minutes.

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Le retour d’information rapide est l’un des avantages de cette coproduction pour la société française qui peut ainsi tester ses équipements dans une mine au lieu d’un terrain d’essai, a indiqué le président d’Aramine, Marc Melkonian, à la chaîne de télévision russe RBC.

«Nous avons un retour d’information tout de suite: "faites-nous une meilleure pédale", etc. [...]. Les Français viennent de concevoir un système de changement de batterie rapide en 10 minutes. Ils sont notre partenaire technologique. En tant que détenteurs de la technologie, ils disent: oui, nous allons l’améliorer», explique M.Semenov.

D’un classement français aux «tesla souterraines»

Igor Semenov, qui est aussi directeur exécutif de la société minière PGRK faisant partie de Rosatom, dit avoir initié la création d’une coentreprise avec la France après qu’il a été cité parmi les lauréats du nouveau classement Choiseul 100 Russie.

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«Je fais partie du classement indépendant Choiseul 100 Russie, créé en France en 2019 après une rencontre des Présidents Poutine et Macron. C'est un projet pour le développement des sociétés civiles. Ses auteurs choisissent 100 leaders de l’économie russe. Lorsqu’on m’a ajouté à cette liste, je ne coopérais même pas avec la France», avoue M.Semenov.

Il se dit inspiré par l’idée que les 100 lauréats du classement Choiseul 100 doivent «changer la situation».

«Nous avons des relations amicales de longue date avec la France. Nous devons tous nouer des liens d’amitié, lancer des projets conjoints. C’est après qu’on m’a élu dans ce classement que j’ai lancé ce projet», note-t-il avant de déplorer que les médias français ne parlent pas beaucoup de cette coopération «parce qu’il y a des personnes là-bas qui ne veulent pas qu’on en parle».

Pandémie? Aucun problème

Selon M.Semenov, ARMZ a lancé la production en série de ces machines innovantes en mars, alors que le monde affrontait la pandémie de Covid-19, mais les préparatifs étaient déjà en cours depuis l’an dernier. Un groupe de spécialistes d’ARMZ Mining Machinery avait suivi une formation d’un mois à l’usine de Gardanne, non loin d’Aix-en-Provence, en 2019.

«Nous avons tout fait et lancé le projet malgré le coronavirus. La production a commencé en mars 2020, les premières machines ont été fabriquées en mars. Nous n’avons rien suspendu pendant le confinement [dû à la pandémie, ndlr]. Quand tout le monde était confiné, nous étions en train d’assembler nos chargeuses», raconte M.Semenov, en précisant que l’assemblage d’une chargeuse prend environ deux semaines.

La société russe envisage de réduire le coût de production des chargeuses de 30% par rapport à celui des machines fabriquées en France, qui s’élève à quelque 210.000 euros dont 60.000 euros pour la batterie, affirme le directeur régional des ventes d’ARMZ Mining Machinery, Konstantin Djoumaniyazov, à la chaîne de télévision RBC.

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«Notre production sera plus compétitive en termes de prix [...] mais nous faisons ensemble [avec la France, ndlr]. C’est un nouveau marché […]. Nous sommes parmi les pionniers, avec les Français. Mais nous produisons actuellement plus de ces machines que les Français», a noté M.Semenov.

Projets et exportation

ARMZ possède déjà cinq chargeuses et en produit quatre autres. Elle disposera de 12 machines l’an prochain.

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«En 2021, nous produirons 20% d’uranium grâce aux machines à batteries. Nous avons actuellement 60 chargeuses dont 12 seront à batterie. Personne au monde ne le fait […]. Nous rendons l’industrie minière plus propre en coopération avec les Français», a affirmé M.Semenov.

ARMZ Mining Machinery a déjà vendu ses chargeuses au Mexique et au Pérou grâce au réseau de distribution d’Aramine, selon lui.

«Nous sommes devenus distributeurs d’Aramine en Russie. C’est le début d’un grand chemin», a conclu M.Semenov.
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