«La lutte contre l’islamisme radical ne plaît pas à tous»: le drôle de limogeage d’un commissaire des Yvelines

Dans son enquête consacrée à la radicalisation parue suite à l’assassinat de Samuel Paty, Marianne évoque le limogeage d’un commissaire du service de renseignement territorial des Yvelines qui cherchait à intensifier la lutte contre le radicalisme avant d’être limogé.
Sputnik

Quelques jours après l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie de 47 ans, les investigations continuent. Le 19 octobre, Marianne a publié des extraits de sa propre enquête pour évoquer l’«étrange» limogeage d’un commissaire en 2019 au sein du Renseignement territorial des Yvelines, théâtre de l’attaque morbide.

En 2017, le commissaire Jean-Luc Taltavull a été nommé à la tête du Renseignement territorial des Yvelines. À son arrivé, il a déployé des efforts pour intensifier la lutte contre l’islamisme radical: changement de logiciel, renforcement des effectifs ainsi que surveillance des milieux islamistes, relate Marianne.

«Avant lui, il n’y avait aucune uniformité dans les pratiques, il a changé d’état d’esprit», se souvient l’un de ses hommes.

En 2018, Jean-Luc Taltavull a fait part à sa hiérarchie de «la brutale éviction du secrétaire général du conseil des institutions musulmanes des Yvelines au profit d’élus plus rigoristes» évoquant «une campagne d’intimidation menée sur cet animateur musulman réputé modéré, avec en toile de fond des soutiens électoraux promis par ses rivaux», poursuit Marianne.

Les élus locaux ont aussi un rôle à jouer

Après deux ans en fonction, en 2019, les efforts du commissaire Taltavull auraient «gêné» certains élus.

«Les élus locaux sont peu enclins à travailler avec la police sur les phénomènes de radicalisation», confie un policier, cité par Marianne. Il a expliqué que les élus craignent que cela «porte préjudice à l’image de leur ville» et que cela «leur coûte des voix aux élections».

En 2019, le commissaire Taltavull a été remercié par Jean-Jacques Brot, le préfet des Yvelines, officiellement suite à des incidents à Chanteloup-les-Vignes.

«À quatre mois des municipales de mars 2020, on lui a reproché ne pas avoir fait remonter au préfet une note sur une possible flambée de violences à Chanteloup, mais la vérité c’est que la lutte contre l’islamisme radical ne plaisait pas à tout le monde», déplore un policer local.
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