Le rendez-vous, fixé au lendemain de l’attaque du commissariat de police de Champigny-sur-Marne, dans la nuit du samedi 10 au dimanche 11 octobre, tombe à point nommé pour les syndicats de police. Mercredi 14 octobre, vers 1h30 du matin, un policier de la Brigade anti-criminalité (BAC) de Savigny-sur-Orge, dans l’Essonne, a en effet été renversé par un individu à bord d’une voiture volée. Ses jours sont toujours en danger.
À Juvisy-sur-Orge, dans l’Essonne, ce mercredi 14 octobre, plusieurs centaines de policiers ont encore manifesté devant le commissariat pour dénoncer l’impunité dont bénéficient ceux qui s’en prennent ouvertement aux forces de l’ordre.
Lors d’une réunion qui s’est tenue en visioconférence ce mardi 14 octobre entre Gérald Darmanin et les principaux représentants de syndicats de police, le ministre de l’Intérieur a annoncé une augmentation du budget de la police nationale. 325 millions supplémentaires seront ainsi débloqués afin d’améliorer les conditions de travail des policiers.
Les annonces «vont plutôt dans le bon sens»
Ce jeudi 15 octobre, c’était cette fois-ci le Président de la République qui recevait à l’Élysée les syndicats de police. Une première depuis le début de son quinquennat.
La réunion, qui a duré un peu moins de deux heures et demie, s’est tenue en présence du garde des Sceaux et du ministre de l’Intérieur. Emmanuel Macron était très attendu, en particulier sur la question de la réponse pénale. Les syndicats, à l’unisson sur ce sujet, réclament une application des peines plus ferme, sans aménagement possible, en particulier lorsque les policiers sont pris pour cible.
D’après Grégory Joron, secrétaire général du syndicat Unité SGP-FO, présent à ce titre lors de la réunion avec le Président de la République, les choses vont «plutôt dans le bon sens», même s’il «faut prendre en compte toutes les difficultés liées à la technocratie et à la lenteur de l’administration française»:
«En réalité, ce n’est pas véritablement un temps de débat. On expose des propositions, il y a ensuite des prises de notes et un travail qui va se mettre en route. On ne sort pas de ce genre de réunions avec des réponses concrètes et déjà actées malheureusement!», regrette Grégory Joron au micro de Sputnik.
Le Président de la République, en accord avec le garde des Sceaux, a tout de même annoncé la «fin des réductions de peines automatiques quand les violences touchent les forces de l’ordre». Autrement dit, cela permettrait de créer des «peines minimales incompressibles», non aménageables contrairement aux peines planchers jusqu’alors en vigueur. Une mesure réclamée de longue date par les syndicats de police. Grégory Joron s’en félicite, même s’il rappelle que le critère doit être qualitatif et non quantitatif:
«Un durcissement de la réponse pénale doit être dissuasif pour ceux qui s’en prennent aux forces de l’ordre. La question n’est pas le taux de réponse pénale (de l’ordre de 95% d’après le ministre de la Justice), mais sur leur aboutissement», soutient-il.
Ces annonces sont donc de nature à satisfaire les principaux syndicats de police, dont les demandes sont bien précises. En dépit de toutes les déclarations d’intention du gouvernement, Grégory Joron n’est pas totalement dupe de la lenteur de la machine administrative. «Ce sera un long chemin de croix, on ne va pas régler le malaise policier en deux réunions», confie-t-il ainsi. Le secrétaire général d’Unité SGP-FO se veut toutefois optimiste. «Nous espérons pouvoir petit à petit faire améliorer les choses».