Restrictions sanitaires: une dérive dangereuse pour la démocratie?

La France a mis en place de nouvelles restrictions sanitaires au motif de lutter contre la progression du Covid-19. Représentent-elles un danger pour la démocratie? Analyse de Thierry Vallat, avocat, spécialiste des nouvelles technologies, du droit du travail et de la presse, pour le Désordre mondial.
Sputnik

Sommes-nous menacés de perdre nos libertés les plus fondamentales, qui plus est avec notre consentement? 

Récemment à Paris, par exemple, les autorités ont expliqué –au nom des nouvelles restrictions sanitaires anti-Covid-19– que de servir des plateaux de charcuterie et de fromage ne justifiait pas que les bars-restaurants restent ouverts. Car désormais, seuls les établissements servant des plats réellement cuisinés peuvent rester ouverts. Vous ne pouvez plus non plus faire de sport dans un établissement tel qu’une piscine ou un gymnase, sauf si vous êtes mineur, puisqu’il faut que les enfants continuent à vivre, eux. Pas les adultes, apparemment.

Mais tout ceci ce n’est que pour 15 jours pour l'instant. Renouvelables –ou pas–, c’est l’État qui décide. Le gouvernement serait même prêt à reconfiner le pays entier. 

Doivent-ils seulement le faire? En l’absence de résistance, va-t-on vers des restrictions permanentes de nos libertés? Thierry Vallat, avocat, spécialiste des nouvelles technologies, du droit du travail et de la presse, souligne comment le gouvernement se défausse sur les préfets:

«On a ce glissement de délégation de pouvoir par rapport à une autorité qui n’est pas législative, pas élue, mais purement exécutive, et ça pose un problème.»

L’avocat explique que la lutte contre le Covid-19 ne fait que confirmer une tendance inquiétante:

«Depuis une vingtaine d’années, la balance entre la sécurité et la liberté tend à pencher plutôt du côté de la sécurité. Les gens ont une acceptation sociale de plus en plus importante de mesures liberticides par rapport à leur propre sécurité. Est-ce que ça va continuer? Est-ce qu’il va y avoir une résistance? Ce sera justement tout le débat de ces prochaines semaines.»

Les contre-pouvoirs institutionnels ne sont-ils pas suffisants pour contrer cette dérive? Me Vallat ne cache pas son scepticisme:

«Il y a heureusement des garde-fous: la Constitution, le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État, qui vont retoquer des arrêtés ou des décrets qui vont un peu trop loin ou qui sont insuffisamment clairs, mais pour combien de temps? C’est quand même un petit peu inquiétant.»
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