Paris, Bruxelles, même combat. Après les contestations des patrons de bars franciliens qui font face à des fermetures totales depuis le 6 octobre, la capitale belge a imposé la même restriction à partir du 8 et pour une durée d’un mois. Dans le reste du pays, ces établissements devront fermer à 23 heures.
Pour Carl De Rijk, alias De Moncharline, toutes ces mesures anti-Covid imposées au milieu festif depuis le début de l’épidémie ont été introduites illégalement, il a donc intenté une action en justice contre l’État belge en vue de les invalider. Contacté par Sputnik, ce patron de bar et professionnel de l’événementiel, figure de la vie nocturne bruxelloise, raconte son vécu de la situation.
«On nous impose des restrictions alors que les principaux lieux de contamination sont les entreprises, le milieu hospitalier, la sphère privée. Au final, ces mesures reviennent à condamner encore plus de gens», dénonce-t-il, évoquant une «guerre idéologique» du gouvernement belge qui plombe davantage le milieu de la fête que la progression du virus.
Un secteur menacé
Le propriétaire a perdu nombre de ses employés. «Pas le choix, ils doivent se nourrir et le chômage partiel, même s’il aide, ne suffit pas», indique-t-il. «Nous sommes malgré tout content quand ils peuvent s’en sortir». Concernant les aides de l’État, il confie, sarcastique, qu’il a reçu «4.000 euros sur plusieurs mois», pas de quoi sauver les meubles.
Depuis l’annonce de mercredi sur la fermeture forcée pour un mois, il admet néanmoins que «le bourgmestre [l’équivalent du maire, ndlr] de Bruxelles a réagi rapidement», débloquant dans la foulée un million d’euros pour aider le secteur. La région a quant à elle annoncé une aide de 3.000 euros. Une indemnité du fédéral est également attendue.
Mais c’est dès mi-septembre que Carl De Moncharline s’est lancé «sur le front», dans une procédure qui s’annonce longue de plusieurs mois, mais qui est susceptible d’apporter une solution à long terme. Face à toutes ces entraves, «il n’y a pas d’autre issue possible», regrette-t-il.
Des mesures illégales
Si M.De Moncharline attaque l’État belge en responsabilité, c’est parce qu’il est convaincu que ces mesures qui visent l’horeca (hôtellerie-restaurants-cafés) ont été introduites illégalement. «L’arrêté a été décrété par l’(ex-)ministre [de l’Intérieur, le flamand Pieter De Crem, ndlr], et pas par le Parlement, ce qui est illégal», explique-t-il.
«De plus, des mesures sont assorties d’amendes très lourdes, cela peut aller jusqu’à l’emprisonnement», déplore-t-il. En effet, ces peines ne peuvent pas, en théorie, être appliquées car elles ne sont pas prévues par la loi.
Les jeunes iront ailleurs
Le tenancier estime par ailleurs qu’il est possible de faire respecter les mesures sanitaires dans un lieu fermé. «Un tenancier n’a aucun intérêt à ce que son établissement devienne un cluster. S’il reste attentif, il saura faire respecter les distances à ses clients». D’autant que selon lui, les restrictions visant les bars n’empêcheront de toute façon pas les jeunes de sortir.
«Ils s’inviteront les uns les autres, dans des appartements, des maisons, cela n’a aucun sens de chercher à leur imposer des limites, les contaminations se feront ailleurs», affirme-t-il. «Ça fait 30 ans que je fais ce métier, je peux dire que jamais on n’a pu séparer jeunesse et liberté», ajoute-t-il. Et de conclure: «la vie trouvera toujours un chemin».