Dans la soirée du vendredi 9 octobre, les élus du conseil municipal de Lille ont voté un moratoire prévoyant de sursoir l’implantation d’antennes 5G dans la ville, informe l’AFP. Méfiant à plusieurs égards sur cette technologie, ils veulent attendre la publication en 2021 du rapport de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).
«Il est urgent d’attendre!», écrit la maire socialiste Martine Aubry, confiant que «nos doutes persistent tant du point de vue sanitaire que de la sobriété numérique sur le déploiement de la 5G».
En effet, le texte expose une certaine méfiance sur l’aspect «santé publique» de ce réseau nouvelle génération, dont le «risque réel sur les populations» n’a pas encore été exclu par les rapports officiels. Concernant l’intérêt économique de la 5G, la ville de Lille s’interroge sur la nécessité de tels financements «dans le contexte financier difficile que connaît notre pays» en raison du Covid-19.
Le conseil souligne également un problème de «fracture numérique» que pourrait poser le déploiement du réseau. Il affirme que cela «contraindra tant les particuliers que les professionnels à renouveler leurs produits électroniques en dépit de toute considération liée à leur durabilité».
Les élus réclament finalement que la métropole européenne de Lille «prenne une position similaire» et décrète l’abaissement du seuil d’exposition acceptable à quatre volts par mètre, sachant que celui de l’OMS est à 61. Si le déploiement de la 5G est effectué, il doit s’accompagner de l’«extinction programmée et accompagnée de la 2G et de la 3G, particulièrement énergivores et désormais réputées saturées».
Réaction de l’opposition
Le moratoire, proposé par les socialistes, n’a pas été au goût des groupes affiliés à La République en marche. «On est estomaqués par la légèreté et la pauvreté de l’argumentation», déplore auprès de La Voix du Nord Nicolas Lebas, lequel a rappelé que plusieurs antennes 5G étaient déjà installées à Lille, ayant remplacé les 4G.
«Il est bien loin le temps où Lille était ville pilote pour la 3G avec Orange en 2003», regrette Jean Dimitri, ancien militant d’En marche. La ville a d’ailleurs accueilli, ces deux dernières années, des antennes tests de 5G d’Orange. C’est d’ailleurs cet opérateur qui a remporté la plus grande part des «blocs» lors de l’attribution des fréquences le 30 septembre, une opération qui a rapporté 2,7 milliards d’euros à l’État.