Détecter le Covid-19 par l’odorat: comment la Russie entraîne des chiens à flairer le coronavirus – reportage

Le service cynologique de la compagnie aérienne Aeroflot s’est mis à entraîner des chiens pour détecter les personnes infectées par le coronavirus. Sputnik dévoile comment ces animaux uniques sont entraînés, quelles sont leurs caractéristiques et qualités.
Sputnik

Le nez fin, une petite taille et de la bienveillance - voici les spécificités de ces quadrupèdes qui participent à une expérience: détecter dans la foule de l'aéroport les personnes malades du Covid-19.

Ce projet est élaboré par la compagnie aérienne Aeroflot en collaboration avec le centre médico-chirurgical national Pirogov ainsi que le Centre national de recherche en virologie et biotechnologie Vektor. Si cette expérience s'avère réussie, le flair de ces chiens pourra être utilisé dans les aéroports de Russie.

Des chiens uniques en leur genre

L’unité cynologique de la compagnie aérienne a été créée en 2001 pour assurer la sécurité aéronautique. Après une étude des différentes races, une décision surprenante a été prise, à savoir: élever des animaux issus du croisement de chiens et de chacals.

«Nos chiens sont uniques en leur genre. En 2018, la Fédération cynologique russe a reconnu que c’était une sous-race, celle des Chalaïkas, un hybride issu du croisement de chacals et de laïkas», explique Elena Bataïeva qui est à la tête de l’unité cynologique de la compagnie aérienne Aeroflot.
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Ce chien doit aux laïkas sa résistance aux basses températures et l’absence d’agressivité envers l’Homme.

«Même si un passager agité ne fait pas attention et bouscule le chien, celui-ci s’écartera mais ne se montrera jamais agressif», assurent les cynologues.

Le chacal lui a transmis son flair exceptionnel, des facultés de détection, une haute résistance aux maladies infectieuses ainsi qu’aux hautes températures.

«Ils possèdent le sens inné de la recherche, il n’y a pas besoin de leur apprendre à chercher, il suffit de leur expliquer que sur dans cet endroit il y a quelque chose qu’il faut trouver pour avoir une récompense.»
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Les chiots de la première génération peuvent déjà être dressés. Ces petits laissent l’homme s’approcher, les prendre dans les bras, «tout faire» mais cependant ils «n’aiment pas trop travailler», remarque la cynologue. Ce sont les chiens des 3e et 4e générations qui sont admis au service.

De la recherche de drogues et d’explosifs à celle du Covid-19

Les cynologues ont commencé à travailler avec cette sous-race dans les années 1970. L’idée de croiser un chacal et un laïka revient au biologiste russe Klim Soulimov. L’objectif était de dresser des chiens pour chercher de la drogue. Dans les conditions climatiques du sud de l’URSS où les températures sont hautes, les chiens qui étaient habituellement utilisés par les forces de l’ordre avaient du mal à être opérationnels.

L’idée du biologiste était la suivante: le laïka transmettrait à l’hybride son flair, sa capacité à travailler malgré de basses températures et avec des matières difficilement volatiles alors que le chacal donnerait sa capacité à bien détecter les matières facilement volatiles.

Vers les années 2000, cette sous-race a quasiment disparu. Mais dès 2001 elle remise au goût du jour par la compagnie aérienne et ce n’est qu’à Aeroflot que ces chiens se trouvent.

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Actuellement les chiens de service sont employés dans la compagnie Aeroflot essentiellement pour la détection d’explosifs. La compagnie a conçu et implanté son système d’élevage et de dressage de chiens. 69 chiens servent dans l’unité cynologique.

Comment les chiens sont-ils entrainés à détecter le coronavirus

Les entraînements pour détecter le coronavirus ne diffèrent pas des entraînements habituels de ces quadrupèdes: dans une pièce spéciale, sur le sol, sont placés 12 objets d'essai, dont chacun est équipé d'un vecteur avec des traces d'odeur d’une substance.

10 ou 11 objets contiennent des échantillons odorants de personnes saines et un ou deux objets contiennent ceux de personnes infectées par le Covid-19. Le chien les compare tous avec la substance pour laquelle il a été entraîné et doit signaler ou réagir lorsqu’il la reconnaît.

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Selon la cynologue, la principale difficulté dans la détection du coronavirus tient à ce qu’il faut avoir un bon agent pour le dressage des Chalaïkas, car ces chiens recherchent non pas le virus mais une personne présentant des symptômes. Les animaux réagissent probablement aux changements dans la biochimie de l’organisme.

«Lorsque le chien comprendra que les personnes qui présentent toutes ces particularités portent vraiment la maladie, l’apprentissage sera fini.»

Le Centre national médical et chirurgical Pirogov a mis à disposition des échantillons d’odeurs de malades et de volontaires en bonne santé pour instruire les chiens. L’expérience est actuellement menée avec des échantillons d’urine, «puisqu’il s’agit de l’odeur la plus pure qui n’a pas de parfums, ni d’autres odeurs, qu’il est difficile à fausser, à prélever de façon incorrecte. Ce qu’il y aura ensuite, dépendra des résultats qu’on obtiendra», explique Elena Bataïeva.

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L’étape principale du dressage se déroule actuellement. 15 chiens participent à l’expérience. Les premiers résultats sont attendus pour décembre.

Les chiens ont déjà plus d’une fois participé aux expériences

Ces chiens exceptionnels ont participé à plusieurs expériences. Ils ont essayé de détecter à l’odeur de l’ivoire en vue de lutter contre la contrebande, des insectes nuisibles dans du bois et ont même appris à diagnostiquer des maladies oncologiques à leur stade initial.

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