Pour Trump, perdre une élection, «ce n’est peut-être pas la fin de son mandat»

Trump pourrait-il refuser de céder son poste en cas de défaite face à Joe Biden? C’est l’un des scénarios post-électoraux qu’évoque Régis Dandoy pour le Désordre mondial. Maître de conférences à l’Université libre de Bruxelles, spécialiste des scrutins et du vote électronique, il apporte un éclairage pertinent sur le scrutin de novembre.
Sputnik

Les États-Unis ont-ils besoin d’observateurs électoraux, de ceux qui sont généralement déployés par les organisations internationales et les ONG dans les pays instables pour garantir des élections libres et équitables? En effet, Donald Trump remet en cause la fiabilité du processus électoral dans son propre pays.

Il refuse également de s’engager à quitter ses fonctions et à transmettre le pouvoir à son successeur s’il venait à perdre les élections. Trump cible notamment la procédure de vote par correspondance, actuellement privilégiée par beaucoup d’électeurs face aux menaces liées au Covid-19, mais qui présenterait des risques de fraude bien plus importants que le vote classique. Les inquiétudes du Président américain sont-elles justifiées? À quels scénarios-surprises doit-on s’attendre au lendemain du scrutin?

Régis Dandoy, maître de conférences à l’Université libre de Bruxelles, spécialiste des scrutins et du vote électronique, explique que le lendemain du scrutin risque d’être compliqué si la victoire n’est pas écrasante pour Biden:

«On ne peut pas exclure qu’après les élections, il y ait éventuellement un recours judiciaire qui soit fait avec une remise en cause des résultats. C’est un Président qui est différent de tout ce que l’on a connu et on peut donc s’attendre à tout. Et on voit que c’est quelqu’un qui ne respecte pas toujours les règles du jeu. Pour lui, perdre une élection, ce n’est peut-être pas la fin de son mandat et il ne va pas s’avouer vaincu très facilement.»

Trump s’en prend particulièrement au vote par correspondance, évoquant de potentielles failles dans le système électoral américain. Mais ce mode de scrutin est-il réellement problématique? Pour Régis Dandoy, les craintes de Trump s’expliquent:

«Le vote par correspondance repose sur la confiance et ne fonctionne que si les électeurs ont confiance dans le vote postal. Si vous regardez le cas suisse, par exemple, on est à environ 80% des électeurs qui votent par correspondance. Les Suisses ont confiance non seulement dans le service de la poste, mais ils ont aussi confiance en tous les acteurs qui sont autour de l’organisation des élections. Aux États-Unis, il n’y a pas cette confiance-là.»
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