Gérald Darmanin a demandé jeudi à l'artiste italien Paolo Cirio, qui a mis en ligne une base de données de 4.000 visages de policiers français, de retirer les photos de son site sous peine de poursuites.
«Je demande (...) le retrait des photos de son site sous peine de saisir les juridictions compétentes», a tweeté le ministre de l'Intérieur.
Gérald Darmanin a également demandé «la déprogrammation de "l'exposition"» puisque l'artiste a aussi imprimé certains de ces visages sur des affiches placardées sur les murs de plusieurs rues de Paris.
C'est une «insupportable mise au pilori de femmes et d'hommes qui risquent leur vie pour nous protéger», a estimé le ministre.
Paulo Cirio, militant de la protection des données personnelles sur internet, explique sur son site avoir construit son projet, baptisé «Capture», comme une performance collaborative pour dénoncer les dangers de la reconnaissance faciale.
«Provocation artistique»
Sur le site internet du projet, tout internaute peut donner le nom des policiers dont la photo est affichée s'il le reconnaît dans la base de données.
«L'identification des agents sera rendue publique une fois qu'elle aura été vérifiée», prévient-il.
«L'absence de réglementation sur la protection de la vie privée de ces technologies», telle que la reconnaissance faciale, «se retourne finalement contre les mêmes autorités qui en préconisent l'utilisation», explique l'artiste, assumant une «provocation artistique».
Le syndicat Alliance exige «la saisie de la justice»
Le syndicat Alliance, qui représente les gardiens de la paix, a dénoncé une «pure provocation» exigeant «la saisie de la justice», tout comme son homologue Unité-SGP-FO qui a fustigé une démarche «inadmissible, intolérable».
«Ça commence par une volonté d'identifier les policiers pour ensuite connaître leur domicile», a tweeté le syndicat indépendant des commissaires de police, rappelant l'assassinat d'un couple de fonctionnaires de la police dans leur pavillon de Magnanville (Yvelines) par un homme se revendiquant de Daech*.
Ce projet intervient alors que le ministre de l'Intérieur a émis le souhait d'obliger les chaînes de télévision et les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter à flouter les visages des policiers et gendarmes quand ils sont en opération.
*Organisation terroriste interdite en Russie