Au Togo, l’inévitable affrontement après l’interdiction d’un meeting de l’opposition?

Au Togo, le gouvernement empêche la 2e force politique du pays de tenir son premier meeting depuis la présidentielle de février 2020. Les partisans de l’opposant Kodjo Agbéyomé n’en ont cure. Ils bravent cette interdiction et entendent dénoncer «les résultats des élections».
Sputnik

Le Togo s’achemine vers un regain de tension politique depuis que la 2e force politique du pays, la Dynamique Monseigneur Kpodzo, qui regroupe plusieurs partis politiques, a annoncé le maintien de son meeting prévu pour le 4 octobre, malgré l’interdiction du gouvernement qui invoquait la crise sanitaire liée au Covid-19.

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Avec ce tout premier meeting depuis la présidentielle du 22 février 2020, où elle avait présenté l’ex-Premier ministre Kodjo Agbéyomé, la DMK voudrait saisir l’occasion pour «dénoncer les résultats» et démontrer que c’est son candidat «le vrai vainqueur».

Et s’il y a intervention des forces de l’ordre et de défense, la Dynamique prévient qu’elle ne saurait être tenue pour responsable.

«Des interdictions répétitives entraînent toujours des frustrations. Et les frustrations amènent à l’affrontement sans que ce ne soit un mot d’ordre. La DMK veut éviter cela. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement de cesser l’arbitraire et de nous laisser tenir notre activité politique qui est un droit pour nous» a déclaré au micro de Sputnik, Gabriel Sassou Dosseh-Anyron, président du parti Le Nid membre de la DMK.

Plusieurs raisons ont été évoquées par le ministère de l’Administration territoriale du Togo, au nom du gouvernement, pour interdire la tenue du meeting. Au-delà des raisons liées à la pandémie de Covid-19, le département évoque dans une lettre envoyée à la Dynamique Monseigneur Kpodzro et rendue publique par celle-ci, l’illégalité de ce regroupement qui a pourtant présenté l’opposant Kodjo Agbéyomé à la présidentielle du 22 février 2020.

«Comment le gouvernement peut-il soutenir aujourd’hui que la DMK n’est pas légale alors que conformément à la charte des partis politiques, toutes les formations politiques qui y sont ont leur récépissé en règle? Comment le gouvernement peut nous demander de lui développer d’abord les thèmes des interventions avant la tenue de notre meeting? C’est de la provocation » a clamé Dosseh-Anyron.

Dans un communiqué rendu public le 1er octobre 2020, la Dynamique a réaffirmé qu’elle ne se voyait pas accepter «cette velléité autocratique, au demeurant illégale, que prendrait un gouvernement démissionnaire non habilité à prendre un acte d'interdiction qui relève du pouvoir régalien de l'État» et a invité une fois encore la population à «prendre massivement part au meeting du 4 octobre».

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Le communiqué parle de gouvernement démissionnaire puisque la procédure décriée s’est déroulée entre la démission du précédent gouvernement le 25 septembre et la nomination du nouveau le 2 octobre 2020.

Au ministère de la Sécurité contacté par Sputnik, il s’affirme que des dispositions seront prises pour que l’interdiction soit respectée. «Si les organisateurs étaient eux-mêmes responsables, ils ne programmeraient pas une telle activité en ce moment de pandémie», justifient les autorités sécuritaires cités par plusieurs médias locaux.

«Nous devons éviter que les activités politiques dans notre pays riment avec violence. Et il faut que les deux parties reviennent à la raison en respectant les droits à la liberté d’expression et de manifester » a alerté Edoh Komi, président du Mouvement Martin Luther King dans une déclaration à Sputnik.

Au nom de la sécurité nationale, le gouvernement togolais a procédé, en août 2019, à l’amendement de la loi sur les manifestations politiques en introduisant des restrictions contre lesquelles se sont dressées l’opposition et la société civile.

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La loi adoptée le 7 août 2019 à l’Assemblée nationale, à la demande du gouvernement, soutient que «pour des raisons stratégiques, économiques et sécuritaires, toutes les manifestations sont interdites sur certains axes et zones notamment toutes les routes nationales, les axes et zones où se déroulent de fortes activités économiques, dans les centres urbains, les axes et zones proches des institutions de la République, les axes et zones proches des chancelleries et résidences des ambassadeurs et représentants d’organisations internationales et les axes et zones proches des camps militaires et des camps de service de sécurité».

La Commission des droits de l’Homme des Nations unies a demandé au Togo de procéder à une relecture de cette loi. Une requête à laquelle les autorités togolaises pas n’ont pas donné suite.

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