Depuis l’envoi en 2019 d’un échantillon de 21 tonnes de blé à moudre en Algérie pour analyse, la Russie suscite la peur des producteurs européens, notamment français, qui y voient un risque de perdre leur place de premier fournisseur du marché algérien. Désormais, cette hypothèse commence à devenir réalité. En effet, une décision des autorités algériennes modifiant les conditions des appels d’offres internationaux pour l’importation de blé ouvre la voie à l’arrivée du blé russe produit dans les régions près de la mer Noire, rapporte Reuters citant des traders.
Selon l’agence, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a défini de nouvelles conditions d'appel d'offres, «abaissant le niveau du taux de grains endommagés par les insectes pour le blé à moudre à haute teneur en protéines». Ainsi, «ceci lève les obstacles à l’arrivée d’un blé moins cher des régions de la mer Noire, comme le blé russe», précisent les traders.
«Le blé français ne pourra pas s’en tirer avec un prix élevé»
«Pas grand-chose ne devrait changer cette saison», explique à Reuters Nathan Cordier, expert du cabinet de consulting spécialisé Agritel. «Mais le fait est qu’à l’avenir, le blé français ne pourra pas s’en tirer avec un prix élevé en raison de la concurrence du blé originaire de la région la mer Noire», souligne-t-il.
«Nous allons devoir arrêter de penser que le marché algérien est le nôtre et trouver d’autres alternatives», prévient un trader.
En août, l’Algérie a acquis 50.000 tonnes de blé, a informé HellenicShippingNews citant des traders européens. Le site spécialisé affirmait qu’aucune «origine du blé n’a été précisée» dans l’appel d’offres lancé par l’OAIC, ouvrant ainsi la porte à la concurrence internationale.