Le «caniche de Poutine»: le débat entre Trump et Biden vire au chaos

Invectives, railleries, attaques personnelles: le premier débat entre Donald Trump et Joe Biden a offert mardi un spectacle particulièrement chaotique à 35 jours d'une élection présidentielle américaine sous haute tension.
Sputnik

Lors d'un duel télévisé suivi en direct par des dizaines de millions d'Américains, le candidat démocrate de 77 ans a demandé au 45e président des Etats-Unis, 74 ans, de «la fermer», avant, un peu plus tard, de le traiter de «clown».

«Il n'y a rien d'intelligent en vous», a de son côté lancé Donald Trump, en mauvaise posture dans les sondages, qui espérait un faux-pas de son rival qui n'a pas eu lieu.

Mâchoires serrées, le locataire de la Maison Blanche, qui briguera le 3 novembre un second mandat de quatre ans, s'est efforcé de dépeindre son adversaire comme une marionnette de la «gauche radicale», que ce soit sur la santé, la sécurité ou le climat.

Mais l'ancien vice-président de Barack Obama, dont la combativité suscitait des interrogations, a tenu le choc dans ce face-à-face organisé à Cleveland.

Les yeux plantés dans la caméra, il régulièrement pris les Américains à témoin, les appelant à se rendre aux urnes pour éviter «quatre années de plus de mensonges».

«Ce débat restera comme l'un des pires de l'histoire», a déclaré à l'AFP Aaron Kall, enseignant à l'Université du Michigan et spécialiste des débats présidentiels.

Si Joe Biden s'est engagé à accepter le résultat du scrutin, Donald Trump a lui esquivé, se bornant une fois de plus à affirmer sans preuves que le vote par correspondance, qui s'annonce important en raison du Covid-19, favoriserait des «fraudes».

Le 45e président des Etats-Unis a peiné, tout au long du débat, à reprendre la main, tentant d'interrompre «Joe» jusqu'à se faire fermement rappeler à l'ordre par l'animateur du débat, le journaliste de Fox News Chris Wallace.

«Etes-vous pour la loi et l'ordre?», a interrogé le président américain dans un échange particulièrement tendu, où il a accusé son rival d'être otage de ses soutiens au «sein de la gauche radicale».

«La loi et l'ordre avec la justice», a répondu son adversaire démocrate, qui a par moment buté sur les mots mais a évité les gaffes que redoutaient certains dans son camp.

Le milliardaire républicain a aussi tenté d'accuser Joe Biden, issu de l'aile modérée du parti démocrate, de vouloir un système de santé «socialiste» défendu par la gauche radicale.

«Il est le caniche de Poutine. Il refuse de dire quoique ce soit à propos des primes pour tuer des soldats américains», a lancé de son côté l'ancien vice-président de Barack Obama.

Selon plusieurs médias américains, des agents russes auraient distribué de l'argent à des combattants «proches des talibans» pour qu'ils tuent des soldats américains en Afghanistan. Une information démentie aussi bien par la Russie que par les USA.

La question du nouveau juge de la Cour suprême

Le candidat démocrate a lui dénoncé la volonté du locataire de la Maison Blanche d'installer une juge conservatrice à la Cour suprême juste avant le scrutin du 3 novembre. «Ce qui est en jeu ici, c'est que le président a dit clairement qu'il veut se débarrasser de l'Affordable Care Act», la loi d'assurance-maladie plus connue sous le nom d'Obamacare, a-t-il déploré.

«Nous devrions attendre de voir le résultat de cette élection», a plaidé le candidat démocrate, cravate à fines rayures noires et blanches.

«Nous avons gagné l'élection» de 2016 «et nous avons le droit de le faire», a rétorqué l'ex-magnat de l'immobilier, cravate sombre rayée de rouge.

Les deux candidats septuagénaires se sont ensuite écharpés sur le bilan de la pandémie de Covid-19 aux Etats-Unis, pays le plus endeuillé au monde avec plus de 205.000 morts.

«Vous n'auriez jamais pu faire le travail que nous avons fait, vous n'avez pas cela dans le sang», a martelé Donald Trump.

«Je sais ce qu'il faut faire» tandis que «le président n'a aucun plan», a répondu Joe Biden.

Coronavirus oblige, et comme prévu, les deux hommes ne se sont pas serré la main mais se sont salués de loin sur la scène de Cleveland, dans l'Ohio, l'un de ces Etats-clés qui pourrait faire basculer la victoire dans un camp ou dans l'autre le 3 novembre.

Ils faisaient face à un public restreint, avec leurs épouses, Melania Trump et Jill Biden, toutes deux masquées.

Deux candidats que tout oppose

Tout sépare les deux candidats septuagénaires. Le milliardaire républicain s'est présenté une fois, en 2016, et a créé la plus grande surprise de l'histoire politique moderne.

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Entré en politique il y a un demi-siècle, Joe Biden, sénateur puis vice-président, espère que sa troisième tentative pour la Maison Blanche (il s'était déjà présenté aux primaires démocrates en 1988 et 2008) sera la bonne.

Toute la journée, le climat avait été tendu, laissant présager un affrontement acrimonieux.

Chez Donald Trump, on a ainsi sous-entendu que Joe Biden, pourrait avoir recours durant la soirée à une oreillette.

Faux, a répondu le camp démocrate, comme il avait déjà balayé la demande du président qui avait réclamé un test antidopage en soupçonnant le démocrate d'avoir recours à des stimulants.

Son équipe a elle assuré que le camp présidentiel avait demandé au modérateur du débat Chris Wallace de ne pas mentionner le nombre de morts du Covid-19 (plus de 205.000 aux Etats-Unis).

«Mensonge», a-t-on rétorqué côté républicain.

Si leur impact sur le scrutin reste souvent limité, ces débats sont des moments forts de la campagne électorale, depuis le premier tête-à-tête télévisé organisé il y a 60 ans, à Chicago, entre John F. Kennedy et Richard Nixon.

Les deux autres débats présidentiels sont prévus les 15 et 22 octobre, respectivement à Miami, en Floride, et à Nashville, dans le Tennessee.

Le vice-président républicain Mike Pence affrontera la colistière de Joe Biden, la sénatrice et ex-procureure Kamala Harris, le 7 octobre à Salt Lake City, dans l'Utah.

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