Dans sa rubrique Enquête, Le Figaro donne la parole au journaliste indépendant Vincent Nouzille qui se penche sur les opérations militaires d’Emmanuel Macron jugées de plus en plus offensives. Selon lui, le Président a affiché à plusieurs reprises «sa résolution martiale et sa volonté de punir», autorisant les opérations «en série».
«C’est une lame froide», confie un haut gradé militaire qui le côtoie. «Il analyse et tranche vite», ajoute un de ses conseillers. «Il assume pleinement ses responsabilités constitutionnelles de chef des armées, avec toute la gravité que cela implique, sans hésitation», précise la députée LREM Françoise Dumas, présidente de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale.
Emmanuel Macron n’hésite pas à employer la force, que ce soit en ordonnant des raids des forces spéciales et des frappes ciblées contre Daech* ou en renforçant le contingent de Barkhane au Sahel. Selon Vincent Nouzille, le patron de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) est autorisé à lancer des opérations clandestines dites «d’entraves», qui peuvent aller jusqu’à des éliminations de certains djihadistes, des opérations entamées sous François Hollande et poursuivies par Emmanuel Macron.
«C’est un engagement fort, pour faire face à tous les types de conflits », estime Françoise Dumas.
Le Président suit les opérations en temps réel avec l’aide de son nouveau chef d’état-major particulier, l’amiral Jean-Philippe Rolland, qui reste en contact permanent avec la ministre des Armées, Florence Parly, son cabinet et l’état-major des armées. Le Conseil de défense devient hebdomadaire et Emmanuel Macron lit chaque jour une note de synthèse de renseignement. Les patrons des six principaux services de renseignement se réunissent tous les 15 jours autour du coordonnateur et échangent régulièrement avec le Président, ce dernier étant également en ligne directe avec le directeur de la DGSE.
Pour ces opérations ciblées, la France a recours aux drones Reaper qui n’étaient pas armés sous François Hollande pour des raisons éthiques, rappelle le journaliste. En septembre 2017, Emmanuel Macron donne son feu vert pour que les Reaper puissent être, à l’avenir, dotés de bombes et de missiles. Avec ces engins de guerre presque invisibles, Emmanuel Macron dispose «d’un permis de tuer» sans commune mesure avec celui de ses prédécesseurs, indique l’auteur.
D’ailleurs, Emmanuel Macron promet dès fin 2017 d’augmenter de 1,7 milliard d’euros chaque année les dépenses militaires, pour les porter à 295 milliards dans le cadre de la loi de programmation militaire 2019-2025, adoptée en juillet 2018.
Sahel
Ainsi, poursuit l’auteur, quelques jours après l’assassinat, le 9 août dernier, de huit personnes, deux Nigériens et six Français membres de l’ONG Acted, près de Niamey, au Niger, des commandos français héliportés détruisent des camps logistiques de l’État islamique* dans le Grand Sahara (EIGS). En outre, un drone Reaper de l’armée de l’air, qui survole la frontière malo-nigérienne, repère plusieurs individus considérés comme membres des «groupes armés terroristes », l’EIGS* en l’occurrence. Le drone largue une bombe guidée au laser, tandis que deux Mirage détruisent le bivouac vers lequel roulaient les hommes, tuant plusieurs «terroristes».
Toutefois, les chefs éliminés sont rapidement remplacés et leurs actions s’intensifient. L’Élysée tient une réunion du G5 Sahel en janvier 2020 et Emmanuel Macron renforce, une nouvelle fois, les opérations militaires. Les frappes aériennes et les raids nocturnes se multiplient durant tout le premier semestre 2020 et se poursuivent durant l’été, ce qui permet d’éliminer au moins 600 djihadistes.
Syrie
Le journaliste évoque également l’opération militaire menée dans le cadre de la coalition internationale en Irak et en Syrie, Inherent Resolve. Lors de la phase finale du siège de Raqqa, début octobre 2017, l’Élysée a donné des consignes pour que les combattants de Daech*, dont beaucoup de Français, ne puissent s’échapper de leur enclave encerclée.
Toutefois, les Forces démocratiques syriennes (FDS) négocient une reddition avec ces combattants et plusieurs centaines d’entre eux quittent la ville, note le journal. Raqqa conquise, la France traque en Syrie les djihadistes étrangers, avant tout les francophones, en vue de limiter au minimum les retours en France.
*Organisation terroriste interdite en Russie