Ils voulaient afficher leur désaccord. Ce lundi matin, un groupe d’entraîneurs, de gérants et de propriétaires de salles de sport est allé demander des explications à son ministère. Annoncée par Olivier Véran à partir du 28 septembre, la fermeture des salles de Paris, devenue «zone d’alerte renforcée», suscite bien des inquiétudes.
Pour les propriétaires de salles de sport de la capitale, les quinze jours de fermeture annoncés sont la «goutte qui fait déborder le vase». À l’initiative de Loïc Pora, fondateur de la salle Platinium HTC Paris, située dans le XIIIe arrondissement, ils se sont rassemblés devant leur ministère.
«Tous les clubs de sport sont là pour faire du bien aux Français, pour leur apporter une bonne santé. Nous sommes apolitiques, on ne fait pas de distinction par rapport à la religion, on a des gros, des maigres, des beaux, des moches…. Tout ce qu’on veut, c’est s’entrainer», insiste Loïc Pora auprès de Sputnik.
«On apporte la santé aux Français»
Les propriétaires de salles insistent sur le respect du protocole sanitaire au sein de leurs établissements, «où tout le monde se connaît» et où la pratique «est sécurisée». Au micro de Sputnik, ils dénoncent des décisions gouvernementales qu’ils jugent illogiques:
«On peut être dans le métro, où on est serrés comme des sardines, où on côtoie des centaines de personnes inconnues, sans connaître leur état de santé. Mais un lieu sécurisé comme le nôtre, on ferme!», s’indigne Loïc Pora.
Le propriétaire du Platinium ne souhaite qu’une chose: «qu’on reste ouverts!» D’après lui, la connaissance de ses adhérents, «l’inscription en ligne et le suivi des protocoles» sont largement suffisants pour garantir la sécurité sanitaire et surveiller la situation au sein du club.
Devant l’entrée du ministère, Ben, coach dans les sports de combat et membre de plusieurs associations sportives du Val-d’Oise, affiche la même incompréhension:
«Pourquoi le sport? Nous sommes la source de la santé et de l’immunité, de liens sociaux. On a joué le jeu [de la sécurité sanitaire, ndlr] depuis le début. On n’est pas des rebelles», assure-t-il.
Même si Ben se dit «ne pas être directement concerné», puisque les salles du Val-d’Oise ne sont pas touchées par l’obligation de fermeture, il se déclare «solidaire, mû par le sentiment d’injustice, et se sentant comme pris en otage par une décision injustifiée».
«Il n’y a pas eu de concertation avec d’autres organismes officiels. Même le Comité national olympique et sportif français a sorti un communiqué ce matin en indiquant qu’il n’avait pas été consulté et ne comprenait pas cette décision», s’insurge Ben.
Le coach dénonce surtout «l’absence de chiffres» prouvant que le sport est plus responsable de la propagation du virus que d’autres secteurs d’activité.
«Cette décision prise sans concertation signerait un arrêt de mort de beaucoup d’associations ou de clubs privés», explique Ben au micro de Sputnik.
A l’issue de la réunion au ministère des Sports, le groupe de gérants et propriétaires de salles paraissait plus rassuré par le caractère «préventif» de la fermeture des clubs, qui leur étaient présentés comme «les seuls endroits, avec les restaurants, où le port du masque ne peut pas être mis en place», risquant d’en faire des lieux de propagation.
«Le moment est mal choisi»
Néanmoins, les fonctionnaires du ministère n’ont pas pu fixer précisément la durée de fermeture, et les deux semaines pourraient bien être prorogées. Un cauchemar pour les propriétaires de salles, pour qui le mois de septembre est habituellement celui des inscriptions:
«A la rentrée scolaire, quand on peut refaire un peu de trésorerie, on ferme. C’est dur», raconte Loïc.
«La survie de beaucoup de clubs ne tient qu’à un fil suite au confinement. C’est pour cela qu’on se bat, on n’a plus rien à perdre», souligne Ben, le coach, devant l’entrée du ministère des Sports.
Le groupe d’initiative ne compte pas baisser la garde, même s’il est ressorti un brin plus apaisé de leur rencontre au ministère. Ses membres entendent se rapprocher de France Active, une organisation professionnelle représentant les entreprises des activités physiques de loisirs, qui «communique avec le gouvernement et s’assoit à table face au ministre».
«[Cette rencontre, ndlr] ça nous rassure, oui et non. On navigue à vue. Mais on ne se laisse pas endormir», conclut Loïc Pora.