Craintes d’espionnage au Canada: un centre logistique chinois moins innocent qu’il n’y parait?

Le World Commodity Trade Center, un centre logistique géant en construction à Vancouver, suscite des soupçons sur les intentions réelles du gouvernement chinois au Canada. Craintes fondées ou paranoïa? Décryptage de Phil Gurski, ancien officier des services de renseignement canadiens, au micro de Rachel Marsden.
Sputnik

La nouvelle route de la soie chinoise s’étend-elle jusqu’au Canada, à seulement quelques kilomètres de la frontière américaine? C’est le soupçon qu’ont exprimé les médias à Vancouver, où le «World Commodity Trade Center», un complexe logistique géant flanqué de deux centres d’exposition, est en construction.

Le projet devrait coûter 190 millions de dollars et se trouve stratégiquement situé entre la frontière avec les États-Unis et l’aéroport international de Vancouver. L’ensemble de bâtiments de près de 44.000 mètres carrés est le résultat d’un accord unique signé entre le gouvernement de la province côtière de Colombie-Britannique et celui de la province chinoise du Guangdong.

Il est exceptionnel au Canada pour les gouvernements –provinciaux ou fédéral– de signer des accords avec l’État chinois. Qu’est-ce qui a donc précipité la signature de celui-ci? Les relations sino-canadiennes se sont considérablement détériorées depuis la signature de cet accord en 2016, ce qui n’a pas empêché le «World Commodity Trade Centre» de sortir de terre.

En quoi ce complexe est-il préoccupant aux yeux de certains alors qu’il n’est censé se composer que d’entrepôts et de salles d’exposition? Que se passe-t-il vraiment en coulisses? Phil Gurski, président de Borealis Threat and Risk Consulting et ancien officier des services de renseignement canadiens, relativise la portée du projet:

«Le service avec lequel j’ai travaillé, le SCRS [le Service Canadien du Renseignement de Sécurité, ndlr] dit clairement qu’il y a des indices qui montrent que la Chine serait en train d’influencer la politique au Canada. Ça se passe depuis longtemps. Mais franchement, lorsque je vois des usines ou des contrats en Colombie-Britannique, je ne vois pas concrètement de crainte d’influence ou des menaces sécuritaires sur le Canada.»

D’après Gurski, le Canada n’aurait pas le mot de la fin sur les potentiels objectifs chinois au Canada:

«Je ne pense pas que le Canada va être partie d’une ancienne route de commerce qui était là depuis des siècles. Ça ne fait aucun sens pour moi. Et les Américains ne vont pas accepter que la route de la soie entre dans leur pays, alors ça va terminer au Canada.»

L’ancien espion évoque également d’autres enjeux tangibles et quantifiables qui méritent d’être abordés:

«D’habitude, lorsque les Chinois construisent des usines et des ports ailleurs dans le monde, ce sont des Chinois qui prennent les emplois. On envoie des Chinois en Afrique et en Asie pour assurer l’entretien de ces installations. Alors s’il y a des Canadiens qui obtiennent les emplois, tant mieux. Mais on verra.»

 

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