Depuis la rentrée, réaliser un test Covid-19 ressemble de plus en plus souvent à un parcours du combattant.
Le Premier ministre, Jean Castex, a bien été obligé de reconnaître que le passage à un million de tests par semaine avait «entraîné des temps d’attente trop importants». Une situation qui inquiète nombre d’observateurs, au moment où l’Organisation mondiale de la santé (OMS) parle d’un niveau «alarmant» de transmission du coronavirus en Europe.
On ne compte plus les laboratoires saturés à travers le pays et attendre plusieurs jours avant de pouvoir réaliser un test devient la norme. «En raison d’un grand nombre d’appels, les délais d’attente peuvent être très longs», annonce par exemple la messagerie vocale d’un laboratoire rennais, comme le note Ouest-France. Il faut souvent attendre plus d’une heure pour avoir un employé au téléphone et devant l’afflux, certains laboratoires n’acceptent que les patients munis d’une prescription médicale. Dans certains laboratoires parisiens, le délai dépasse parfois une semaine pour obtenir un rendez-vous.
Des lieux de dépistage «pris d’assaut»
La situation est inquiétante, a confié au micro de Sputnik le docteur Jean-Paul Hamon, président d’honneur de la Fédération des Médecins de France:
«Le fait de permettre à tous d’aller faire le test a embouteillé les laboratoires, qui n’ont souvent pas embauché de personnels supplémentaires pour faire face. Les délais sont aujourd’hui inacceptables.»
La situation est la même du côté des sites de dépistage publics. Celui installé devant la mairie du XVe arrondissement de Paris ne reçoit plus que les publics «prioritaires», à savoir les «détenteurs d’une ordonnance d’un professionnel de santé et d’un SMS de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie».
Les sites qui proposent des tests gratuits sans ordonnance sont bondés et le temps d’attente dépasse régulièrement plusieurs heures. Pas de quoi encourager les Français en cette semaine de canicule.
En Normandie, Ouest-France parle de lieux de dépistage «pris d’assaut» et de laboratoires qui «n’arrivent plus à faire face». Même son de cloche dans le Loiret, selon La République du Centre. «Les techniciens font les trois-huit, les secrétaires et infirmiers enchaînent les heures supplémentaires, les biologistes valident les tests la nuit», explique au quotidien le docteur Gilles Delaporte, biologiste directeur de Bioalliance, à Gien. Ce dernier affirme qu’il reçoit des Parisiens «qui veulent éviter la semaine d’attente» souvent nécessaire pour obtenir un rendez-vous dans la capitale.
Le temps d’attente pour obtenir les résultats s’allonge également. C’est notamment le cas pour les sites de dépistage de Paris. «Il y a parfois des retards sur les réponses écrites pour les personnes qui sont négatives», explique au Parisien Anne Souyris, adjointe (EELV) à la maire de Paris chargée de la santé. «En fait, les laboratoires semblent complètement débordés», ajoute-t-elle.
Des propos que corrobore le témoignage de Guillaume, interrogé lui aussi par le quotidien de la capitale. Il souligne la situation compliquée au niveau des laboratoires: «Ils sont payés pour faire les tests, mais n’ont pas embauché assez de personnel pour faire le traitement informatique et le suivi des personnes négatives. Le laboratoire qui devait m’envoyer les résultats a fini par m’avouer qu’au 31 août, ils étaient en train d’envoyer leur réponse aux personnes négatives testées… dix jours plus tôt.»
«Il est temps d’être responsable»
La situation n’est guère différente de l’autre côté du périphérique, comme l’explique Jean-Paul Hamon, médecin à Clamart (Hauts-de-Seine):
«Je connais une personne qui a commencé à développer des symptômes le 24 août et a continué à travailler jusqu’aux résultats de ses tests, qu’elle a eus le 4 septembre! Ses collègues de travail n’ont pu se faire tester que le lundi suivant et ont eu les résultats le 15 septembre! Il s’est passé environ trois semaines entre le premier contact et les résultats des personnes contacts. C’est totalement inacceptable.»
Afin d’améliorer la situation, le médecin demande la validation des tests salivaires en plus des tests PCR nasopharyngés, les plus réalisés actuellement. Le Dr Hamon souligne à nouveau l’importance d’avoir des résultats rapides: «ils permettent d’isoler les personnes symptomatiques comme les personnes contacts.»
«Les tests salivaires pourraient facilement être utilisés avec les enfants dans les classes, par exemple. Nous assistons à une sorte de psychose qui fait que dès qu’un enfant à la goutte au nez ou une température de 37,8°, ses parents viennent le chercher et se mettent parfois en arrêt de travail jusqu’à obtention des résultats», ajoute-t-il.
Plusieurs technologies sont toujours en phase d’évaluation, comme les tests virologiques après prélèvement salivaire, ainsi que des tests après prélèvement nasal, qui permettent l’obtention d’un résultat rapide en environ quinze minutes. De plus, un arrêté paru le 16 septembre au Journal officiel autorise désormais les 90.000 kinésithérapeutes de France à pratiquer les tests PCR. Une mesure tardive dans cette nouvelle course contre la montre?