Marion Maréchal est-elle en train de préparer sa future candidature, voire de poser les jalons d’un possible parti?
Si l’hypothèse pour 2022 semble d’ores et déjà exclue, l’offensive médiatique de Marion Maréchal en cette rentrée politique laisse planer le doute sur son possible retour dans l’arène politique. L’intéressée s’en est pourtant –une fois de plus– défendue au micro de Jean-Jacques Bourdin, mardi 15 septembre, affirmant qu’elle n’avait pas «envie du tout» de briguer l’Élysée ou de se présenter à un quelconque scrutin dans l’immédiat. Elle a par ailleurs indiqué qu’elle ne «compt[ait] pas [se] mettre au service d’un candidat» à la Présidentielle, y compris sa tante.
Depuis son retrait au printemps 2017, la petite-fille de Jean-Marie Le Pen a lancé une école de sciences politiques à Lyon, l’ISSEP (Institut de sciences sociales, économiques et politiques), et plus récemment un think-tank, baptisé le «Centre d’analyse et de prospective», chargé de publier des études sur l’état de la France. Autrement dit, Marion Maréchal a investi le champ de la «bataille culturelle», selon ses propres mots, laissant à sa tante Marine Le Pen celui du combat électoral. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir un avis sur la stratégie que devrait mener le RN en vue de 2022, ainsi qu’elle le confiait dans Le Parisien, le 11 septembre:
«Le drame du RN, c’est sa difficulté à parler aux orphelins de la droite. Les Municipales ne nous ont pas prouvé le contraire […] Je déplore le fait que les courants dans le parti ne soient pas représentés, pas sûr que ces signaux soient positifs», poursuit celle qui regrette une «tendance à la contraction» au sein du parti.
Une pique supplémentaire adressée à son ancien parti, dont elle n’est officiellement plus membre depuis cette année –elle n’a pas renouvelé sa carte–, qui ne manquera pas d’alimenter la petite querelle médiatique et politique que se livrent indirectement Marine Le Pen et Marion Maréchal.
Une «croisade» anti-Marion Maréchal au RN?
Cette dernière n’a, semble-t-il, pas vraiment apprécié l’éviction de certains proches (Gilbert Collard, Nicolas Bay) de la commission nationale d’investiture du RN (CNI). Si elle assure ne pas être «en guerre» contre le RN, l’ancienne députée du Vaucluse a néanmoins dénoncé une «espèce de tendance un peu stalinienne» d’élus pour qui «tu dois tout au parti et le parti ne te doit rien». Avant d’enfoncer le clou et de considérer que «certains au RN sont dans une croisade» contre elle.
«Il n’y a ni croisade ni chapelle au Rassemblement national. Qu’elle revienne travailler avec nous. Elle verra le travail que nous avons fait. […] On accueille tous ceux qui ont envie de travailler, de se lancer dans les élections.»
Certaines figures importantes du Rassemblement national ont été plus sévères encore à l’égard de leur ancienne collègue. C’est notamment le cas de Louis Aliot, pour qui «le “non-choix”, l’absence de choix à la future élection présidentielle, est quelque chose de dramatique», car «c’est considérer qu’on se sent supérieur à tout le monde et qu’on laisse la Présidentielle à d’autres».
Qu’en pense le patriarche?
Sur BFM, mardi 15 septembre, le nouveau maire de Perpignan appelle très clairement Marion Maréchal à se positionner politiquement et à prendre ses responsabilités: «Les électeurs jugeraient durement un comportement qui vise finalement à donner des bons points ou des mauvais points sans s’engager directement.»
Le député RN Sébastien Chenu, lui, ne voit dans cette campagne médiatique qu’un «coup de pub» de Marion Maréchal pour faire parler de son école:
«Elle est aujourd’hui directrice d’une école, elle a besoin de faire publicité de cette école dans les médias, de venir distiller une pensée, une argumentation. On a probablement besoin de gens qui élaborent des théories intellectuelles, mais on a surtout besoin de gens qui se battent pour la France sur le terrain», a-t-il morigéné au micro de RTL, mardi 15 septembre.
Lorrain de Saint-Affrique, son très proche collaborateur –qui chapeaute actuellement l’Institut Jean-Marie Le Pen, lancé le 29 août avec la mise à disposition de toutes les archives politiques du «Menhir»–, nous glisse toutefois qu’à titre personnel, Jean-Marie Le Pen «espère que Marion Maréchal se présentera un jour [à l’élection présidentielle, ndlr], dans l’intérêt de la France et des Français». Mais évidemment, l’une n’empêcherait pas l’autre -pour l’heure en tout cas.