À Paris, la cohabitation vélos, piétons et voitures à l’épreuve de l’extension des pistes cyclables

À Paris, les «coronapistes cyclables» mises en place lors du confinement seront pérennisées. Cette décision ravive le problème de la cohabitation des divers types de mobilités sur la route. Après avoir recueilli l’expertise du Collectif Vélo Île-de-France, Sputnik est allé sur le terrain pour recueillir l’opinion des Parisiens.
Sputnik

Elles devaient être provisoires, mais Anne Hidalgo, maire de Paris, a confirmé la «pérennisation» des pistes dédiées aux vélos déployées lors du confinement. Pourtant, le décès de deux cyclistes parisiens en moins de 24 heures le week-end dernier ravive l’épineuse question de cohabitation des voitures, des cyclistes et des piétons dans la capitale.

Les décès de cyclistes sur la voie publique restent cependant rares. Si en 2019, six cyclistes ont perdu la vie dans les rues parisiennes, contre trois en 2018, l’engouement des Parisiens pour la petite reine pourrait modifier la donne. Stein van Oosteren, porte-parole du Collectif Vélo Île-de-France, constate que les «coronapistes démontrent leur énorme succès.»

«Dès que l’on crée un réseau complet, tout le monde le prend d’assaut. Certains axes, comme le boulevard Sébastopol, avec une seule piste bidirectionnelle, transporte 17.000 cyclistes par jour, alors que trois voies motorisées à côté transportent moins de personnes», souligne Stein van Oosteren au micro de Sputnik.

Le porte-parole du collectif admet que la croissance rapide –«de 70% en très peu de temps»– du réseau cyclable peut poser problème. Entre autres, le trafic a «du mal à se régler». Les mêmes difficultés ont étés observées pendant les grèves de décembre 2018, avec l’irruption de «néocyclistes sur les pistes

«Sur les coronapistes, il y a un tel afflux de trafic que ça prendra du temps pour se régler. Les pistes cyclables à Paris sont victimes de leur succès», constate Stein van Oosteren.

Pour le porte-parole du Collectif Vélo Île-de-France, l’espace réservé aux alternatives à la voiture «n’est toujours pas suffisant», puisque les transports motorisés occupent 50% de la voirie parisienne, tout en ne représentant que «13% des déplacements

Fluidifier la circulation des pistes cyclables

En ce qui concerne la cohabitation sur la route, les Pays-Bas seraient un exemple à suivre: «les feux de circulation sont réglés de telle manière que les vélos n’ont plus besoin de s’arrêter», et peuvent même s’adapter «aux conditions météorologiques.»

​«Il y a beaucoup d’amélioration à faire [en France, ndlr], c’est pourquoi la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) vient de lancer l’Académie du développement des mobilités actives», détaille Stein van Oosteren.  

L’objectif serait de trouver rapidement une solution de coexistence sur le terrain. Ainsi, le programme ADMA, Académie des Experts en Mobilité Active, permettrait-il de faire converger toutes les expériences à travers la France vers la Fédération des usagers de la bicyclette, qui proposerait son expertise en matière «d’intégration des sujets vélos et piétons dans l’ensemble des politiques publiques et privées

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