Les sanctions économiques américaines continuent à pleuvoir sur la Chine. Au début du mois de septembre, les États-Unis ont décidé de bloquer l’importation du coton et de tomates, étendu ce 14 septembre à d’autres produits en provenance de la région du XianJiang, où près d’un million de Ouïghours seraient internés dans des camps, dans le cadre d’une campagne d’antiterrorisme. Si Pékin dément tout mauvais traitement, les témoignages et les enquêtes faisant acte d’une persécution d’ampleur contre la communauté ouïghoure mettent la Chine à l’index.
Pourtant, la problématique des Ouïghours est connue depuis de nombreuses années. Ainsi la décision de Washington refléterait-elle «un opportunisme de premier niveau», selon Ali Laïdi, Docteur en science politique et cofondateur de l’École de Pensée sur la Guerre économique (EPGE).
Ces nouvelles sanctions ravivent les tensions entre les deux puissances, sur fond d’une guerre économique qui dure depuis janvier 2018 et les premières taxes douanières sur les machines à lever et les panneaux solaires décidées par Donald Trump. Pour Ali Laïdi, rien d’étonnant à l’approche des élections présidentielles américaines de novembre prochain, car s’il y a bien une chose qui rassemblerait Républicains et Démocrates, c’est d’empêcher la contestation du leadership mondial aux Américains.
«Au final, que ce soit Biden ou Trump, ils reviendront tous à une politique un peu moins déclaratoire et un peu plus réaliste vis-à-vis de la Chine, mais toujours avec le même objectif: empêcher la Chine de devenir la première puissance économique mondiale.»
Alors, doit-on s’attendre à des sanctions économiques similaires à celles prises par les États-Unis? D’après Ali Laïdi, la problématique qui se pose est avant tout stratégique, puisque les intérêts américains diffèrent des intérêts européens en ce qui concerne la Chine.
«Il faut espérer que l’Europe ne fasse pas que s’aligner derrière Washington dans cette bataille titanesque d’un point de vue économique», s’inquiète Ali Laïdi.