Robotique humanoïde, pourquoi cela fait-il si peur?

Contrairement aux explications scientifiques précédentes, la peur que peut procurer l’image des robots androïdes peut être expliquée par le phénomène psychologique de déshumanisation, à en croire une étude de chercheurs américains de l’université Emory, publiée le 9 septembre dans la revue Perception.
Sputnik

Des chercheurs de l’université Emory, aux États-Unis, ont récemment livré une possible explication au phénomène de la vallée dérangeante, la peur qu’un robot androïde peut susciter aux yeux des humains, dans leur étude publiée le 9 septembre dans la revue Perception.

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Ainsi, les chercheurs américains contestent l’hypothèse précédente selon laquelle ce sentiment d’effroi apparaît à cause d’anthropomorphisation, processus au cours duquel les gens donnent aux choses des caractéristiques humaines. Ils suggèrent qu’en réalité cette peur est provoquée par un processus inverse, la déshumanisation, quand les gens enlèvent ce caractère humain.

«Nos résultats suggèrent qu'au premier regard nous anthropomorphisons un androïde, mais en quelques millisecondes nous détectons des déviations et le déshumanisons. Et cette baisse de l'animéité que l’on aperçoit contribue probablement au sentiment étrange», a déclaré Wang Shensheng, auteur de l’étude, dont les propos sont repris dans un communiqué publié sur le site EurekAlert!.

Une question importante en psychologie

«Au cœur de cette recherche figure la question de ce que nous percevons lorsque nous regardons un visage», précise Philippe Rochat, auteur de l'étude, cité dans le même communiqué. Pour lui, il s’agit «probablement» de l’une des questions les plus importantes en psychologie, car «la capacité à percevoir l'esprit des autres est le fondement des relations humaines».

Expérience inédite

Pour parvenir à une telle conclusion, les chercheurs ont mené des expériences dans le but d’analyser la réaction des gens regardant trois types d'images: des visages humains, des visages de robots d'apparence mécanique et des visages d’androïdes ressemblant aux humains. Après les avoir regardés pour une période de quelques millisecondes, les participants ont dû évaluer l'animéité ou la «vitalité» de chacune de ces images.

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Au cours de l’expérience, il s'est avéré que, pour les robots mécaniques et les visages humains, la perception de l’animéité ne changeait pas en fonction du temps de visualisation, alors que pour les androïdes elle diminuait progressivement dans un intervalle de 100 à 500 millisecondes.

Un tel résultat correspond à d’autres études montrant que les humains arrivent à faire la distinction entre les visages humains et artificiels environ 400 millisecondes après leur apparition.

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