En Algérie, bientôt la fin de l’impunité pour la très controversée Naïma Salhi? La députée et présidente du Parti de l’équité et de la proclamation, de tendance islamiste, a été convoquée et entendue, dans la semaine du 7 septembre, par la brigade de gendarmerie nationale de Cherraga (banlieue ouest d’Alger), à la suite d’une plainte déposée par deux avocats, Soufiane Dekkal et Kader Houali, ainsi que le militant politique Salim Chait.
La nouvelle de son audition devant les gendarmes a été annoncée sur Facebook, le 10 septembre, par Me Soufiane Dekkal.
Contacté par Sputnik, cet avocat explique que la plainte a été déposée au cours de l’été 2019, après les multiples interventions publiques empreintes de haine de la députée. Durant cette période, les habitants de Kabylie et des régions du sud algérien ainsi que les migrants subsahariens ont été les principales cibles de Naïma Salhi.
«Nous avons décidé de déposer plainte en juin 2019 contre cette personnalité publique qui est députée, donc élue par le peuple, et présidente d’un parti politique. Cette plainte pour incitation à la haine raciale et appel au meurtre fait suite à ses nombreuses vidéos et messages haineux qu’elle a diffusés sur les pages officielles de son parti et son compte personnel», indique Me Soufiane Dekkal.
«Au top de sa haine»
L’avocat précise qu’en juin 2019, deux mois après la chute de Bouteflika dont elle faisait partie des soutiens, Naïma Salhi «était alors au top de sa haine et ne cessait de cracher son venin publiquement». Durant cette période, l’élue s’était opposée ouvertement au Hirak, le mouvement de contestation sociopolitique qui a eu raison du pouvoir de Bouteflika, accablant régulièrement les citoyens porteurs du drapeau amazigh.
Levée d’immunité
La plainte a été déposée auprès du procureur de la République du tribunal de Boumerdes (50 km à l’est d’Alger), Naïma Salhi étant députée de cette circonscription. Elle a ensuite été transmise au tribunal de Cherraga puisque l’élue réside dans cette commune d’Alger. Mais la poursuite de la procédure nécessite une intervention du gouvernement car Salhi jouit encore de l’immunité parlementaire.
«Il est nécessaire que le ministre de la Justice introduise une demande auprès de l’Assemblée populaire nationale (APN) afin que son immunité parlementaire soit levée pour qu’elle puisse être poursuivie devant un tribunal», note Me Soufiane Dekkal. L’intervention du garde des Sceaux et la vitesse à laquelle cette immunité sera levée détermineront la volonté des autorités de se débarrasser de ce personnage encombrant.
Magie noire
Sentant le vent tourner, Naïma Salhi semble avoir anticipé de futurs déboires avec la justice en prétextant… avoir été ensorcelée. Samedi 5 septembre, dans une publication sur sa page Facebook, la députée a affirmé avoir été «sous l’emprise du mal pendant une durée de trois ans». «[Dieu], Celui qui a annulé l’effet de la sorcellerie, dont j’ai été victime pendant plus de trois ans, par conspiration de ceux en qui j’avais confiance, me protégera de la sorcellerie politique. Oui, Dieu l’annulera», a-t-elle écrit.
Une déclaration très étrange qui a provoqué une cascade de moqueries sur les réseaux sociaux.
Me Soufiane Dekkal affirme ne pas être étonné d’un tel comportement. «Pour nous, le plus important est que notre plainte puisse aboutir à un procès exemplaire», insiste-t-il.