«L’annonce de l’arrivée de Louis de Raguenel crée un gros malaise en interne.»
Le syndicat national des journalistes s’est ému de la possible nomination à la tête du service politique d’Europe 1 de Louis de Raguenel, l’un des anciens rédacteurs en chef de Valeurs actuelles. Une défiance confirmée par la rédaction de la radio lors d’une assemblée générale, ce lundi 7 septembre.
À la question «Soutenez-vous l’initiative de la SDR [société des rédacteurs, nldr] et des syndicats demandant à la direction de renoncer à nommer Louis de Raguenel au poste de chef du service politique d’Europe 1?», le résultat est sans appel: 114 personnes (journalistes, techniciens, animateurs) ont voté pour et trois contre.
L’affaire Obono dans le collimateur
Avec ce vote quasi unanime, les élus de la SDR et les élus syndicaux veulent désormais «être reçus conjointement par la présidente du pôle News de Lagardère [Constance Benqué, ndlr] et le directeur de l’information d’Europe 1 [Donat Vidal Revel, ndlr]», a indiqué le syndicat dans un communiqué.
Donat Vidal Revel a néanmoins demandé à la rédaction «de ne pas faire de procès d’intention au nouvel arrivant, vantant ses qualités de journalistes et ses sources», selon l’AFP. Des compliments exprimés également par Frédéric de Lanouvelle, ancien porte-parole du ministère de l’Intérieur, dans une série de tweets: «Il est probablement sur le podium des journalistes “police” les mieux informés. Il révèle en premier le plan d’évacuation à Notre-Dame des Landes. J’étais porte-parole du ministère de l’Intérieur à l’époque et tombais de ma chaise en découvrant la justesse de l’article», a-t-il argué.
Pour un journaliste d’Europe 1, ce n’est pas un problème d’homme. Il estime que «ce qui dérange, c’est qu’il soit marqué politiquement. À un an et demi de la Présidentielle, alors qu’on s’est donné tant de mal pour redresser la station et son image écornée… Avec l’affaire Obono, le timing est désastreux», regrette-t-il.
Raguenel, l’un des «mieux informés», mais marqué politiquement
Ces quelques mots ne semblent pas suffire à la rédaction d’Europe 1. Les journalistes ont tenu à souligner qu’ils n’étaient pas des «censeurs» et que Louis de Raguenel «pourrait avoir sa place comme chroniqueur, éditorialiste ou dans le cadre d’un débat», mais qu’ils s’opposent à sa nomination à la tête du service politique.
D’après l’AFP, la SDR lui reproche notamment d’avoir, comme ancien militant UMP, été chargé de la communication de l’ancien ministre Claude Guéant, place Beauvau en 2011-2012 et d’avoir «été épinglé pour avoir dévoilé les sources des journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme en 2014.»