L’outil pénal français «pousse à la récidive», affirme le criminologue Alain Bauer

Le professeur de criminologie Alain Bauer s’est livré dans Le Parisien sur l’augmentation de la délinquance et la manière dont elle est abordée par l’État. Il invite notamment à une révision du système pénal et à la mise en place d’une véritable «politique publique de sécurité».
Sputnik

«La violence est devenue l’élément régulateur de la vie», déclarait Alain Bauer il y a quelques jours sur LCI. Le criminologue a étayé ses propos dans Le Parisien, critiquant le système pénal actuel et déplorant l’incapacité de l’État à lutter contre la violence au quotidien.

Il explique avant tout que seules les statistiques en termes d’homicides étaient fiables et pouvaient dès lors être utilisées pour jauger le niveau de violence dans la société. La délinquance, selon lui, regroupe toutefois bien d’autres crimes, délits et contraventions. L’indicateur de mortalité par homicide «montre un effondrement pendant cinq siècles… et une reprise forte depuis une dizaine d’années», affirme-t-il.

Alain Bauer tire ensuite la sonnette d’alarme: «2019 a été la pire année en termes d'homicides, tentatives, coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort et règlements de comptes, de l'histoire récente de la France».

Il a également souligné l’existence de l’outil statistique de l’Observatoire national de la délinquance, dont il a été le président et fondateur, lequel se base non seulement sur les plaintes déclarées mais sur ce que rapportent les victimes dans les sondages.

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«Elle souligne une dégradation relative mais réelle de l'insécurité des Français. Les citoyens ont plutôt peur d'être agressés», a-t-il résumé. Face à ce constat, le criminologue accuse le système français.

«Notre outil est inadapté»

Selon lui, la France, avec sa culture pénale qui privilégie les peines de prison, se heurte au manque de places et doit s’adapter. «On est dans une logique d'évitement par les alternatives aux poursuites, aux peines et par l'inapplication des peines», explique-t-il. L’outil pénal «recule la décision et paradoxalement pousse à la récidive».

«Notre outil est inadapté, se borne au prêt-à-porter, incapable de gérer le sur-mesure des réalités», poursuit-il.

Outre l’«effritement de la capacité de l’État à lutter contre l’ensemble des phénomènes criminels», il estime que le plus inquiétant est son «incapacité à traiter la violence ordinaire, quotidienne, et répétitive».

Il plaide dès lors pour une politique publique de sécurité qui, d’après lui, n’est plus clairement identifiée depuis Sarkozy et Valls au ministère de l'Intérieur. «La reconquête territoriale nécessite un retour de la confiance entre l'État et les citoyens», soutient-il, sans quoi il y aura «une révolte citoyenne pour compenser le retrait de l’État».

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