Représentation «abjecte et inacceptable», «apologie du racisme»: la «politique fiction» du magazine Valeurs actuelles sur la députée LFI Danièle Obono, dépeinte en esclave, a suscité une vague de condamnations, jusqu'au Premier ministre, fait savoir l’AFP.
Dans ce récit de sept pages publié cette semaine, la députée de Paris, à la peau noire, «expérimente la responsabilité des Africains dans les horreurs de l'esclavage» au XVIIIe siècle, selon la présentation qu'en fait le magazine. Des dessins de Mme Obono, collier en fer au cou, accompagnent ce «roman de l'été».
Jean Castex a évoqué une «condamnation sans ambiguïté».
«Le racisme est un mal nocif. Il détruit. Il est un délit», a aussi rappelé la ministre déléguée à la Ville Nadia Hai sur Twitter.
«On est libre d'écrire un roman nauséabond, dans les limites fixées par la loi. On est libre aussi de le détester. Moi je le déteste et suis [aux] côtés» de la parlementaire, a écrit pour sa part le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti.
Le dirigeant des Insoumis a dénoncé un «harcèlement nauséabond»:
Condamnations de tous les côtés
Un responsable du Rassemblement national, Wallerand de Saint-Just, a condamné de son côté la publication, «d'un mauvais goût absolu»: «le combat politique ne justifie pas ce type de représentation humiliante et blessante d'une élue de la République», selon lui.
Le président de l'Assemblée Richard Ferrand (LREM) a critiqué une «ignoble représentation d'une parlementaire». «Tout mon soutien personnel et celui de l'Assemblée nationale face à ces abjections», a-t-il écrit sur le réseau social, suivi par de nombreux députés de tous bords.
Depuis Malo-les Bains, dans le Nord, lors de la journée d'été du PCF, son numéro un Fabien Roussel a ainsi épinglé un écrit «particulièrement scandaleux».
Vers une «suite judiciaire»?
Répondant à l’indignation de Mme Obono, le magazine est pourtant resté fidèle à sa position.
Réprouvant vivement un «cortège de haines, comme l'ont déjà expérimenté beaucoup de responsables politiques noirs ou d'origine maghrébine ces dernières années», l'association SOS Racisme a indiqué dans un communiqué étudier «les suites judiciaires envisageables».