Une annonce qui devrait faire trembler l’exécutif. À l’appel de Jérôme Rodrigues, les Gilets jaunes se sont donné rendez-vous le samedi 12 septembre sur les Champs-Élysées. Une mobilisation soutenue par des personnalités telles que Jean-Marie Bigard, candidat à l’élection présidentielle.
Interrogé par Sputnik, Jérôme Rodrigues, figure des Gilets jaunes, confirme que «depuis le début de l’été, j’ai rencontré de nombreux citoyens en colère, qui ne portent pas forcément un gilet jaune, qui sont à bout de souffle, car ils n’en peuvent plus.»
Malgré les efforts consentis par l’exécutif, avec notamment 460 milliards d’euros de fonds publics mobilisés, ainsi qu’un nouveau plan de relance de 100 milliards d’euros et différents mécanismes pour préserver l’emploi, Jérôme Rodrigues estime que «le gouvernement devrait avoir peur de tous ceux qui vont rentrer sur le marché de la misère.»
Covid-19, allié objectif des Gilets jaunes?
En effet, pour Jérôme Rodrigues, ces gens pourraient être beaucoup plus «dangereux», car, selon lui, ils n’ont pas eu l’habitude qu’ont les Gilets jaunes d’être dans le désarroi, d’avoir des problèmes pour subvenir à leurs besoins.
«Ces gens qui, grâce à leur travail, à leur force et à leur courage, ont pu travailler de nombreuses années ont pu ouvrir des sociétés et donc bénéficier du fruit de leur labeur, aujourd’hui, tout s’est arrêté pour eux à cause du Covid-19.»
Comme il l’explique, «la crise sanitaire a été paradoxalement un allié des Gilets jaunes, car elle n’a fait que mettre brutalement en avant ce que l’on dénonce depuis deux ans. Ne serait-ce qu’à l’échelle de la santé.» Suffisant pour redonner un second souffle au mouvement? «Il ne s’est jamais essoufflé, il faut que les médias arrêtent de dire cela», tonne-t-il.
«Pourquoi il y a moins de monde dans les manifestations? J’en suis à 1.500 euros d’amendes, à trois gardes à vue et un œil en moins. À un moment donné, l’opinion publique et les médias vont comprendre que quand un mec me regarde, il se dit: “putain, je ne vais pas perdre un œil moi aussi”.»
Il explique ainsi que les gens auraient peur et qu’ils réfléchissent à deux fois avant de venir en manifestation. Pour lui, un certain essoufflement peut s’expliquer par une discrimination politique et sociale, «c’est-à-dire que l’on nous interdit d’aller à certains endroits de Paris le samedi.»
«Mais je vous garantis que les gens sont là, bien présents. La braise est bien chaude et vient s’ajouter à cela la braise de l’ensemble des citoyens qui n’étaient pas ou peu concernés par les revendications des Gilets jaunes et qui se mettent aujourd’hui à entrer dans la danse», affirme-t-il.
Une colère qui se nourrit également par la défiance envers les institutions.
La matraque, seule réponse?
«Si le gouvernement avait été réglo… Car OK, on peut critiquer Macron tant que l’on veut, ce n’est pas de sa faute s’il y a le Covid. De plus, cela fait 40 ans qu’ils détruisent le système de santé, alors on ne va pas le tenir pour responsable. Mais, à défaut d’arrêter les conneries, il n’a fait que de les amplifier», juge Jérôme Rodrigues.
Il dénonce la répression que les autorités mettent en place «au lieu d’expliquer aux Français qu’il y a un danger, que c’est quelque chose que l’on ne maîtrise pas».
Puis viennent s’ajouter les «mensonges» sur la gravité du Covid-19 et l’efficacité du port du masque, poursuit-il.
«En France, quand les gouvernants n’arrivent pas à répondre aux attentes du citoyen, ils utilisent la matraque», déplore-t-il.
Autant de raisons qui pourraient faire du samedi 12 septembre un succès. En outre, Jérôme Rodrigues tient à rappeler que le rassemblement sera pacifique.
«On n’est pas là pour tout casser. Les gens qui me suivent sur les réseaux sociaux, ce sont des mamies, des papis, des mamans, des papas, des handicapés, etc., énumère-t-il. À la police de faire son métier, ils savent faire, ils ont les caméras pour aller chercher les gens qui foutent la merde afin de laisser les gens manifester pacifiquement.»