«La convention républicaine va chercher à donner quatre ans de plus au Président sortant qui, en tant que tel, doit faire face à une forme de référendum sur son premier mandat», affirme au micro de Sputnik Gérald Olivier.
Ce lundi 24 août commence une séquence politique charnière pour la campagne de Donald Trump: la convention républicaine. Une semaine après la convention démocrate, ce rendez-vous de quatre jours censé introniser le candidat républicain lance officiellement une campagne présidentielle pourtant déjà bien engagée.
Initialement prévue à Charlotte, en Caroline du Nord et à Jacksonville, en Floride, cette convention se déroulera, comme la convention démocrate, en majeure partie virtuellement. En difficulté dans les sondages, notamment à cause du Covid-19 et de ses conséquences, le 45e Président des États-Unis mise sur ce rendez-vous pour reprendre du poil de la bête.
Quatre jours pour inverser la tendance médiatique?
Sur quelle stratégie compte-t-il donc miser? Au micro de Sputnik, Gérald Olivier, chercheur associé à l'IPSE (Institut Prospective et Sécurité en Europe) et analyste de la vie politique américaine via son blog «France-Amérique», revient sur le plan de bataille de Donald Trump pour cette convention, et les perspectives que celle-ci peut lui ouvrir. Pour le chercheur, cette convention va, sous l’impulsion de Donald Trump, reposer sur plusieurs éléments centraux:
«D’abord, elle va chercher à offrir un contraste à la convention démocrate qui a eu lieu la semaine précédente.»
Les Démocrates n’ont évidemment pas manqué de l’attaquer avec virulence lors de leur convention. À l’image de l’ancien Président des Éetats-Unis Barack Obama, qui a déclaré: «depuis près de quatre ans maintenant, il n’a montré aucun intérêt à accomplir cette tâche, à trouver des terrains d’entente, ni à utiliser les pouvoirs immenses de sa fonction pour aider quiconque à part lui-même et ses amis».
Face à cela, Donald Trump espère galvaniser ses partisans par une vision positive de l’Amérique et de son histoire, alors que le camp démocrate s’inscrit davantage dans la critique des institutions et de la manière dont est célébrée ou non l’histoire des États-Unis:
«Durant la convention démocrate, pendant quatre soirs, on a vu les Démocrates attaquer le Président, alors que depuis plusieurs mois on a vu des manifestants saccager des villes, brûler des drapeaux et renverser des statues historiques. Au contraire, les Républicains vont mettre en avant le fait qu’ils sont fiers de l’histoire américaine et vont célébrer la grandeur des États-Unis», prédit Gérald Olivier.
Dans ce manichéisme ambiant, Donald Trump va essayer de tirer son épingle du jeu en défendant un bilan qu’il considère comme l’un des meilleurs de l’histoire des États-Unis.
La moitié des intervenants à la convention membres de la famille Trump
Un argument qui serait recevable… si son bilan s’arrêtait au mois de janvier, avant que le Covid-19 ne ravage les États-Unis:
«Jusqu’à la pandémie de coronavirus, Donald Trump avait des résultats plutôt satisfaisants. Il a tenu des promesses qui ont eu les effets escomptés. À savoir, une croissance économique importante avec des bénéfices assez étendus sur toute la société américaine», rappelle l’auteur du blog «France-Amérique».
Seulement voilà, le virus est passé par là et le paysage n’est plus tout à fait le même. Le PIB américain a reculé de 32,9 % en rythme annualisé au deuxième trimestre. Le chômage est passé de moins de 4% avant la crise économique liée au Covid-19 à plus de 10% ce mois-ci. Et la plupart des indicateurs économiques vont dans ce sens.
Si certaines de ses décisions face à la pandémie peuvent légitimement être contestées, rien ne garantit qu’un autre Président, démocrate ou républicain, aurait obtenu des résultats plus concluants face à celle-ci. Et Trump compte bien appuyer là-dessus:
«L’idée des Républicains est de transmettre le message suivant: pour se relever de la pandémie, mieux vaut quelqu’un comme Donald Trump plutôt que Joe Biden», souligne Gérald Olivier.
Pour taper sur l’ancien vice-Président d’Obama, Donald Trump compte sur le soutien de sa famille: six intervenants sur douze durant ces quatre jours de convention étaient des membres du «clan Trump».
Et ce «Biden-bashing» risque de gagner en intensité à mesure que l’élection se rapproche. Car si cette convention change quelque chose pour la campagne, c’est le fait qu’elle a mis en lumière Joe Biden. Ce dernier a largement profité de son retrait ces derniers mois, alors que le Président Trump était quant à lui surexposé durant la crise. Et le souvenir de 2016 devrait servir à tous de piqûre de rappel:un Donald Trump qui gagne est un Donald Trump qui s’attaque en permanence à son adversaire. Joe Biden est prévenu.