Quand la nouvelle ministre de l'Écologie plaidait pour l’interdiction de pesticides qu'elle vient de réautoriser – vidéo

Des internautes ont retrouvé un discours de Barbara Pompili datant de 2016 dans lequel elle alertait sur les dangers des néonicotinoïdes, un type d’insecticides particulièrement dangereux pour les abeilles. Quatre ans plus tard, devenue ministre de l’Écologie, elle a autorisé certains agriculteurs à en refaire usage.
Sputnik

Mercredi 12 août, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a annoncé avoir réautorisé aux agriculteurs l’utilisation «sous conditions strictes» des néonicotinoïdes. Cette substance avait pourtant été interdite depuis 2018 par une loi votée en 2016 et pour laquelle Mme Pompili avait plaidé à l’Assemblée nationale. Des internautes ont ainsi souligné ce changement dans son discours en totale contradiction avec ce qu’elle défendait quatre ans plus tôt.

Le 22 juin 2016, elle évoquait l’importance de la «date butoir couperet», à savoir 2020. Elle avait prévenu sur le fait d’introduire des dérogations, lesquelles étaient, selon elle, «la porte ouverte au fait qu’il y ait certains néonicotinoïdes qui ne soient jamais interdits». «Je veux que cette loi porte sur cette interdiction, et la porte pour qu’elle soit appliquée», avait-elle insisté.

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Force est de constater que Mme Pompili, en tant que ministre, a fait exactement le contraire de ce qu’elle défendait lorsqu’elle était secrétaire d’État chargée de la Biodiversité. Sa récente modification législative autorise désormais cette molécule dès 2021 et ce jusqu’en 2023 «maximum». L’acteur et réalisateur Pierre Niney a également fait part de son indignation face à cette décision.

Justification de la ministre

«Une décision difficile à prendre», a d’abord confié Barbara Pompili, citée par l’AFP, mais qui s’est faite faute de solutions pour la filiale sucrière en France. En effet, l’autorisation porte sur des semences de betteraves enrobées de ce pesticide et utilisées contre le virus de la jaunisse qui menace le secteur. «Malheureusement, aujourd'hui on ne peut pas, si on veut garder une filière sucrière en France, agir de manière durable en si peu de temps», a-t-elle déploré.

Elle a toutefois souligné qu’elle restait «très attentive à toute proposition pour qu’on puisse éviter cela» et a indiqué que des solutions en ce sens «commencent à apparaître», mais que celles-ci «prennent du temps». Elle a finalement assuré que les dérogations sont «très restrictives» car elles ne concernent que la betterave. La production de sucre en France, la plus importante d’Europe, concerne 46.000 emplois.

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