Sputnik labellisé sur Twitter: la Fédération européenne des Journalistes demande la transparence pour tous

Twitter a commencé à mettre une mention sur les comptes de médias affiliés à des États. C’est le cas pour celui de Sputnik, néanmoins, certains médias occidentaux échappent à ce classement. Ricardo Gutiérrez, secrétaire général de la Fédération européenne des Journalistes (FEJ), appelle la communauté internationale à la transparence.
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Malgré l’intention du réseau social Twitter de labelliser les comptes de médias «affiliés à un gouvernement», certains échappent pour l’instant à sa vigilance. Pour des raisons diverses, ni la radio américaine Liberty, ni la BBC britannique, ni la Deutsche Welle allemande, ni France 24 ne peuvent s’enorgueillir de posséder ce label distinctif, alors que le compte de Sputnik porte désormais cette mention.

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La Fédération européenne des Journalistes (FEJ) a fait savoir à Sputnik qu’en tant que «principale organisation représentative des journalistes sur le continent européen», elle a «toujours été en faveur d’une politique de transparence absolue sur la propriété des médias

«Nous estimons que les citoyens ont le droit de savoir qui possède les médias qu’ils consultent, qu’il s’agisse d’un État ou d’une entreprise privée», précise à Sputnik Ricardo Gutiérrez, secrétaire général de la Fédération.

Pour la FEJ, la transparence de la propriété des médias contribue à «rendre le pluralisme des médias effectif en permettant au public et aux autorités de régulation de connaître les structures de propriété des médias», qui peuvent avoir des incidences sur leurs politiques éditoriales.

La Fédération fait référence à un document du Conseil de l’Europe: la recommandation CM/Rec (2018) 1 du Comité des ministres aux États membres sur le pluralisme des médias et la transparence de leur propriété, adoptée le 7 mars 2018. Elle invite les 47 États membres du Conseil de l’Europe à la mettre en pratique.

Labelliser: oui, mais tous les médias

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Citons ce texte européen: «les États doivent promouvoir un régime de transparence de la propriété des médias qui garantit que des données précises et à jour relatives à la propriété directe ou effective des médias, ainsi qu’à d’autres intérêts qui influencent la prise de décisions stratégiques des médias en question ou leur ligne éditoriale, sont disponibles et accessibles au grand public.»

«La FEJ regrette que ces dispositions ne soient pas mises en œuvre par la plupart des États européens, alors même qu’ils se sont TOUS engagés à le faire en signant la Recommandation CM/Rec (2018) 1 du Conseil de l’Europe», assure Ricardo Gutiérrez.

Pour la FEJ, «cette politique de transparence doit être exhaustive, elle doit concerner TOUS les médias, et elle doit être basée sur des critères objectifs.»

Labelliser: oui, mais sur la base des critères précis

Ricardo Gutiérrez propose notamment de s’appuyer sur les études scientifiques relatives au pluralisme des médias menées par les équipes universitaires de recherche du «Media Pluralism Monitor» (MPM), «qui mettent en évidence la dangereuse dégradation du pluralisme des médias en Europe, suite notamment à la concentration de la propriété des médias.»

«Nous ne savons pas sur quels critères se base Twitter pour estimer le degré d’indépendance des médias labellisés face aux pressions gouvernementales. Nous demandons à Twitter d’être transparents sur leurs critères d’évaluation et d’appliquer cette nouvelle politique de transparence de la propriété des médias à TOUS les médias et pas seulement aux “médias d’État” considérés, à juste titre ou pas, comme “non indépendants”», détaille Ricardo Gutiérrez.

Pour le secrétaire général de la FEJ, les rapports scientifiques établis par le MPM «évaluent les interférences gouvernementales sur base de critères précis, selon une méthodologie transparente».

«La FEJ est pour la transparence de la propriété de TOUS les médias, mais elle se méfie des initiatives de labellisation qui n’apparaissent pas transparentes ou qui ne semblent pas basées sur des critères objectifs», conclut Ricardo Gutiérrez.
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