L’émotion est vive ce 1er août à Sarcelles dont, le lendemain des obsèques de Thomas Carbonnel, la famille et les amis du jeune homme ont arpenté les rues en une marche blanche. La foule silencieuse a traversé la ville jusqu'à la rue de Chaussy, le lieu du drame, en faisant plusieurs arrêts symboliques pour scander «Justice pour Thomas!».
La nuit du 9 au 10 mai dernier, Thomas, passionné de musique et de freeride en trottinette, était sauvagement agressé par un récidiviste tout juste sorti du prison.
«Thomas était un garçon très actif. Il travaillait et faisait du sport, il avait beaucoup d’amis: vous les avez tous vu. Il avait quelques défauts, un petit peu du mal avec l’autorité, mais il avait également de l’humanité, de la passion», raconte à Sputnik Philippe, le père de Thomas.
L'auteur des coups de couteau mortels a été interpellé le lendemain de la tragédie et écroué, «Il n’y avait aucun doute sur sa culpabilité et, d’après la police, il a avoué», précise le père de Thomas. Quand les policiers ont arrêté l’individu, il était alcoolisé et avait pris de la cocaïne. «L’instruction est en cours, on va être informés fin août», conclut Philippe.
On a tendu le micro à Patrick Haddad, le maire de la ville, qui a rejoint les rangs de la procession pour apporter son soutien à la famille Carbonnel, «respectée à Sarcelles».
«C’est un drame humain qui touche un jeune homme mort dans des circonstances atroces, victime d’une personne qui n’était pas en état de se réinsérer dans la société. On a un problème avec la justice qui a libéré cet assassin. C’est un dysfonctionnement qu’il faut dénoncer», clame Patrick Haddad.
Le maire de Sarcelles rappelle également «la montée de la violence gratuite dans la société, ici comme ailleurs» et voit un moyen de la combattre «dès le plus jeune âge par l’éducation», en transmettant un message positif à la jeunesse.
«Comme j’ai dit [avant le départ du cortège, ndlr] devant la famille Carbonnel, on refuse la récupération par des mouvements extrémistes de cette mort, sans lien à des questions d’origines, ethniques, religieuses ou communautaires», rappelle Patrick Haddad.
La manifestation en hommage à Thomas s’est achevée par un dépôt de fleurs dans l’étroite rue sarcelloise qui a été le lieu du drame, suivi d’une minute de silence, transpercé par le cri désespéré de la mère du jeune homme: «Monsieur Dupond-Moretti! Je vous en prie, faites bouger les choses! Assez de violence!».
«Justice pour Thomas!» soutient en écho l’assistance… en suivant des yeux les deux cœurs qui emportent symboliquement une photo du garçon dans les cieux.