L’avocate, femme politique et écrivain Gisèle Halimi, qui a consacré sa vie à la cause des femmes et au droit à l’avortement, est décédée mardi, au lendemain de son 93e anniversaire, a annoncé sa famille.
«Elle s’est éteinte dans la sérénité, à Paris», a déclaré à l’AFP l’un de ses trois fils, Emmanuel Faux, estimant que sa mère avait eu «une belle vie».
«Sa famille est autour d’elle», a ajouté M. Faux. «Elle a lutté pour arriver à ses 93 ans».
Avocate engagée, elle se fait notamment connaître lors du procès emblématique de Bobigny, en 1972, où elle défend une mineure jugée pour avoir avorté suite à un viol.
Elle obtient la relaxe de la jeune femme et parvient à mobiliser l’opinion, ouvrant la voie à la dépénalisation de l’avortement, début 1975, avec la loi Veil.
Fondatrice en 1971 avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir de l’association pour le droit à l’avortement «Choisir la cause des femmes», elle est la même année l’une des signataires du célèbre manifeste des 343 femmes disant publiquement avoir avorté.
Députée, écrivain et mère
Élue députée de l’Isère (apparentée PS) en 1981, elle poursuit son combat à l’Assemblée, cette fois-ci pour le remboursement de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), finalement voté en 1982. Avant de prendre ses distances avec le Parti socialiste après son élection à l’Assemblée.
Parallèlement à sa carrière d’avocate, elle a mené une carrière d’écrivain. Parmi sa quinzaine de titres, figurent «Djamila Boupacha» (1962), du nom d’une militante emblématique du FLN, et une oeuvre plus intimiste comme «Fritna», sur sa peu aimante mère (1999), «pratiquante juive totalement ignorante».
Mère de trois garçons, dont Serge Halimi, directeur de la rédaction du Monde diplomatique, elle a confié qu’elle aurait aimé avoir une fille pour «mettre à l’épreuve» son engagement féministe. «J’aurais voulu savoir si, en l’élevant, j’allais me conformer exactement à ce que j’avais revendiqué, à la fois pour moi et pour toutes les femmes», a-t-elle dit au Monde en 2011.
Dans une longue interview accordée au journal Le Monde en septembre 2019, la nonagénaire s’étonnait encore que «les injustices faites aux femmes ne suscitent pas une révolte générale».