Sur invitation de son homologue russe Sergueï Lavrov, le ministre algérien des Affaires étrangères Sabri Boukadoum effectuait à compter du 21 juillet une visite de travail de deux jours en Fédération de Russie. Un déplacement qui faisait suite à la rencontre en janvier à Berlin entre les deux chefs d’État Vladimir Poutine et Abdelmadjid Tebboune lors de la conférence internationale sur la Libye, mais aussi à leur entretien téléphonique du 13 juillet. La venue du chef de la diplomatie algérienne a été l’occasion pour les deux pays de faire le point sur un ensemble de dossiers d’intérêt commun, tels que le partenariat stratégique algéro-russe et la situation en Libye, au Mali et en Syrie.
Le partenariat stratégique
Depuis des décennies, la Russie et l'Algérie sont liées par des relations traditionnellement amicales qui se sont transformées en partenariat stratégique après la signature de la déclaration correspondante en 2001 lors de la visite du Président russe à Alger.
«La rencontre à Moscou entre les chefs de la diplomatie algérienne et russe a été la confirmation de la très bon état de santé des relations privilégiées entre les deux États qui sont bien ancrées dans leur histoire commune», confie l’expert.
Outre la coopération technico-militaire entre les deux pays, le partenariat stratégique prévoit également le développement des relations économiques, culturelles, scientifiques, technologiques et industrielles.
Fin 2019, les statistiques du Service fédéral des douanes (FTS) russe ont montré qu’au cours des neuf premiers mois de l'année 2018, la Russie a livré pour 2,3 milliards de dollars de marchandises à l’Algérie quand elle en a importées pour 8,2 millions de dollars. Les principaux produits russes exportés vers l’Algérie sont des moyens de transport et des équipements (36%), des produits métallurgie (10%), agricoles (6,2%) et des matières premières minérales (5%).
L’épineux dossier libyen
Lors de la conférence de presse conjointe, Sabri Boukadoum s'est félicité du soutien de la Russie aux efforts des pays voisins pour résoudre la crise libyenne. À ce propos, il a mis en avant l’initiative de son pays qui a tenu des réunions avec la Tunisie et l’Égypte et ouvert un dialogue dès le début de l'année en cours avec les six pays africains voisins de la Libye. L’Algérie «s’attelle actuellement à l’élimination de toute cause menant à l’escalade militaire en Libye» et elle «poursuivra cette action en tentant d’en convaincre toutes les parties», d’autant plus qu'elle est «convaincue que la solution en Libye n’est pas militaire mais plutôt politique», a-t-il exposé.
De son côté, M.Lavrov a rappelé que l’Algérie avait «joué un rôle primordial lors de la conférence de Berlin». «Nous communiquons avec l’Algérie pour le règlement politique des conflits dans la région», a-t-il ajouté, émettant le souhait que l’Algérie, l’Égypte et la Tunisie jouent «un rôle actif dans le règlement de la crise libyenne, d’autant que leur sécurité nationale est tributaire de la stabilité de la Libye».
La solution en Libye, selon l’expert
Pour le Dr Soufi, «la crise libyenne qui était déjà complexe, mais à deux doigts d'être réglée, a été compliquée par l'intervention turque et ses conséquences désastreuses sur l’évolution de la situation».
«Nous assistons à une montée des tensions sur le terrain qui risque de faire définitivement capoter la solution pacifique appuyée par l'Algérie et la Russie conformément au droit international et à l’action des Nations unies pour arriver à un règlement politique dans le respect des droits et de la souveraineté du peuple libyen et de l'intégrité de son territoire», a-t-il prévenu.
Pour résoudre le conflit, Abdelkader Soufi propose «un cessez le feu immédiat accompagné d’une action diplomatique rapide en vue de former un gouvernement provisoire constitué de toutes les factions libyennes». «Sa mission serait la proposition d’une constitution de consensus et la préparation des élections présidentielles et législatives», a-t-il conclu.