Pourquoi le Parlement égyptien a autorisé une intervention militaire en Libye? Les explications d’un expert

«La loi votée par le Parlement égyptien autorisant le Président Abdel Fattah Al-Sissi à engager des forces armées terrestres, aériennes et maritimes sur le territoire libyen vise essentiellement à défendre la sécurité nationale du pays», a déclaré à Sputnik le Dr Pierre Azar, expert en affaires géopolitiques et économiques.
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Après l’autorisation accordée le 14 juillet par le Parlement de l’est de la Libye à une intervention militaire, les députés égyptiens ont adopté lundi 20 juillet un projet de loi autorisant le Président Abdel Fattah Al-Sissi à engager les Forces armées du pays sur le territoire libyen, si les milices du Gouvernement d’union nationale (GNA) de Tripoli, soutenues par la Turquie, continuent leur avancée vers l'est de la Libye.

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Dans un entretien accordé à Sputnik, l’expert libanais en affaires géopolitiques et économiques le Dr Pierre Azar a expliqué les raisons ayant contraint les autorités égyptiennes à prendre cette décision. Selon lui, l’Algérie suivra également l’exemple égyptien en raison des mêmes enjeux.

«Défendre la sécurité nationale du pays»

La Libye qui s’étale sur une surface de 1,76 million de kilomètres carrés avec une très large côte sur la Méditerranée partage une immense frontière avec l’Égypte.

«La loi votée par le Parlement égyptien autorisant le Président Abdel Fattah Al-Sissi à engager des forces armées terrestres, aériennes et maritimes sur le territoire libyen vise essentiellement à défendre la sécurité nationale du pays», a déclaré l’expert. «Car, in fine, la présence d’un nombre impressionnant de combattants étrangers dans la ville de Tripoli, dans l’ouest de la Libye, soutenus par la Turquie, constitue une menace gravissime contre la sécurité de l’Égypte», a-t-il ajouté.

«L’Égypte ne permettra jamais à la Turquie, quel qu’en soit le prix à payer même si elle doit sacrifier toute son armée, d’étendre sa présence militaire, sous couvert du Gouvernement d’union nationale de Fayez el-Sarraj, jusqu’à la ligne verticale reliant la ville de Syrte, dans le nord de la Libye, à celle d’Al-Jafra, dans le centre du pays, où se trouve une stratégique base militaire aérienne»; a-t-il expliqué.

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Par ailleurs, selon le Dr Azar, le Président Al-Sissi, «qui est tout à fait conscient» du rôle joué par les différents intervenants dans le conflit libyen, «mène une offensive diplomatique qui vise à redonner à l’Égypte toute sa place sur l’échiquier régional et international».

En effet, l’Otan, sous domination américaine et dont la Turquie est la deuxième armée en quantité de forces, joue un rôle important dans la crise libyenne. Cependant les intérêts de certains de ses membres, comme Paris et Ankara, divergent sur le dossier libyen.

Ainsi, Pierre Azar a indiqué qu’«en plus de la défense de sa sécurité nationale, l’Égypte vise également à avoir une carte importante dans ses relations avec l’Union européenne dont le territoire libyen est extrêmement important, en premier lieu pour la France et l’Italie».

«Le but de la guerre est de diviser le pays en trois régions»

Selon le Dr Azar, «la Libye n’a jamais été un État au sens propre du mot». «Elle a toujours été constituée de trois grandes régions, à savoir la Tripolitaine, la Cyrénaïque ou Benghazi actuellement et Fezzan», a-t-il rappelé, soulignant que «le but de la guerre est de diviser le pays à nouveaux en ces trois régions».

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Et de préciser que la société libyenne «est formée de différents clans tribaux dont les plus importants sont les Kadhafa, les Megarha et les Warfala». Ces derniers sont très actifs politiquement, diplomatiquement et militairement dans la crise. «Ce facteur clanique est primordial dans l’approche de la crise libyenne et doit être pris en considération, car les équilibres entre les différents clans sont importants dans la démarche à suivre pour la résolution de la crise», a-t-il soutenu.

Quid du rôle de l’Algérie?

Dans ce contexte, l’expert a salué «la position de l’Algérie exprimée par son ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, qui a appelé à des négociations entre les différentes parties afin de d’établir des compromis à même de remettre en place les équilibres nécessaires à la paix dans cette région extrêmement complexe».

Pour Pierre Azar, «l’Algérie de son côté, pays limitrophe de la Libye à l’ouest, ne permettra pas non plus à la Turquie d’asseoir son contrôle sur la région de Tripoli, car cela risquerait de constituer un danger pour sa sécurité nationale». «L’Algérie est directement concernée par ce qu’il se passe en Libye», a-t-il insisté.

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L’Algérie qui a connu différentes phases coloniales et qui a fait face à une terrible guerre civile durant les années 1990 est, selon le Dr Azar, «très sensible à tout conflit extérieur pouvant impacter sa stabilité intérieure et son unité nationale». «Ainsi, l’Algérie qui a acquis une immunité certaine de par ses expériences et son histoire autorisera également son armée à intervenir en cas de nécessité, à l’instar de l’Égypte, dans le seul et unique but de défendre sa sécurité nationale loin de toute intention d’agression ou d’occupation», a-t-il conclu.

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