Un juge d'instruction français est chargé d'une enquête visant Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, prince héritier d'Abou Dhabi, sur une éventuelle «complicité d'actes de torture» sur fond de guerre au Yémen, a appris ce vendredi 17 juillet l'AFP auprès de plusieurs sources proches du dossier.
Une information judiciaire a été ouverte en octobre 2019 à Paris à l'encontre de celui surnommé «MBZ» contre lequel deux plaintes, dont une avec constitution de partie civile, ont été déposées lorsqu'il effectuait une visite officielle à Paris en novembre 2018.
Comme le rappelle l’AFP, les plaintes avec constitution de partie civile permettent quasi-automatiquement d'obtenir l'ouverture d'une information judiciaire et la désignation d'un juge d'instruction pour mener les investigations.
En vertu de sa «compétence universelle» pour les crimes les plus graves, la justice française a la possibilité de poursuivre et condamner les auteurs et complices de ces crimes lorsqu'ils se trouvent sur le territoire français.
«Mes clients se réjouissent de cette ouverture d'information et fondent de grands espoirs sur la justice française», réagit auprès de l'AFP Me Joseph Breham qui défend six Yéménites qui ont déposé la plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d'instruction du pôle crimes contre l'Humanité du tribunal de Paris.
Ils y dénoncent des actes de torture commis dans des centres de détention contrôlés par les forces armées des Émirats arabes unis.
Une visite à Paris
Lors de sa visite en France le 21 novembre 2018, Mohammed ben Zayed s'est entretenu avec Emmanuel Macron sur la situation au Moyen-Orient, notamment sur le conflit au Yémen où Abou Dhabi est engagé dans une coalition au côté de l'Arabie saoudite contre les rebelles Houthis qui occupent la capitale Sanaa depuis 2014.
Mohammed ben Zayed étant le commandant suprême des forces armées des Émirats arabes unis, il est «susceptible d'avoir fourni les moyens et les instructions pour la réalisation de ces infractions», souligne la plainte.
La guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts, pour la plupart des civils. En juillet 2019, les Émirats arabes unis, principal allié de l'Arabie saoudite, ont décidé d'y réduire leur présence militaire.