La présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a réagi sur Twitter aux propos tenus samedi 4 juillet par le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, lors d’un entretien avec France 24, demandant à la France des excuses pour la période coloniale. L’entretien a eu lieu une journée avant les célébrations du 58e anniversaire de l’Indépendance, fêtée cette année dans un contexte exceptionnel suite à la restitution par la France de 24 crânes d’éminents résistants algériens du XIXe siècle, après près de 170 ans d’exposition au musée de l’Homme à Paris.
Marine Le Pen a estimé dans son message que les dirigeants algériens utilisaient cette question des excuses pour détourner l’attention de leur population des problèmes économiques et sociaux.
«Les dirigeants algériens demandent des excuses pour le passé, afin de masquer le présent: une économie en ruine, une jeunesse délaissée, un pays en voie de déclassement...», a-t-elle écrit, suggérant qu’il était «temps qu’ils regardent en face le résultat de 60 ans d’indépendance».
Les déclarations du Président Tebboune
Lors d’une interview accordée à France 24, le chef de l’État algérien a affirmé: «nous avons reçu des demi-excuses». Il faisait ainsi allusion aux propos tenus en décembre 2017, à Alger, par Emmanuel Macron en sa qualité de candidat à la présidentielle française.
En effet, Macron avait déclaré que la colonisation était un «crime contre l’humanité». Dans le sillage de cette déclaration, il avait promis de restituer les restes des résistants algériens entreposés depuis 170 ans au musée de l’Homme à Paris. Selon certains historiens algériens, il s’agirait de 536 crânes au total.
«Il faut faire un autre pas […] on le souhaite», a-t-il affirmé, soulignant que «cela va permettre d’apaiser le climat et le rendre plus serein pour des relations économiques, pour des relations culturelles, pour des relations de voisinage».
Tout en estimant qu’Emmanuel Macron était en mesure de pousser plus loin l’apaisement entre les deux pays, Abdelmadjid Tebboune a rappelé que six millions d’Algériens vivaient en France et qu’ils pouvaient contribuer à cette dynamique des deux côtés de la Méditerranée.
Un anniversaire de l’Indépendance pas comme les autres
Le rapatriement des 24 crânes de résistants algériens a suscité une immense émotion dans le pays qui a réservé un accueil triomphal à ses martyrs.
En effet, rapatriés vendredi 3 juillet par un avion de l’Armée nationale populaire (ANP) escorté par trois bombardiers Su-30, ils ont été reçus à Alger par le Président Tebboune lui-même et les hautes autorités civiles et militaires du pays. Des navires de guerre de la Marine ont également participé à l’hommage rendu à ces résistants, en plus d’une unité de parachutistes qui a effectué un saut en leur honneur.
Le choix de la date du 3 juillet n’est pas fortuit. C’est une date hautement symbolique de la guerre d’Algérie qui correspond au jour de l’annonce du résultat du référendum d’autodétermination du 1er juillet 1962, lors duquel les Algériens ont voté à 99,72% pour l’indépendance du pays.
Ces 24 crânes ont été inhumés dimanche 5 juillet au Carré des martyrs de la Révolution algérienne, au cimetière d’Al Alia, à Alger. La cérémonie, rythmée par des coups de canon, s’est déroulée en présence du Président Abdelmadjid Tebboune et de toutes les hautes autorités du pays.