Les quatre policiers sont mis en cause pour «violences par personnes dépositaires de l'autorité publique», «faux en écriture publique», «atteintes aux libertés individuelles» et «trafic de stupéfiants», a précisé une source proche du dossier.
Au total, six policiers, âgés de 30 à 40 ans, avaient été placés en garde à vue lundi dans les locaux de l'IGPN, la «police des polices». Deux ont été remis en liberté mercredi soir, a précisé à l'AFP le parquet de Bobigny.
Une cache découverte sur place
Lors de perquisitions, une cache de stupéfiants a été découverte près du parking de la CSI basée à Aulnay-sous-Bois. «C'est là qu'ils stockaient le produit qu'ils pouvaient récupérer», a détaillé une autre source proche du dossier. «On n'est pas sur des kilos mais plutôt sur quelques dizaines de grammes».
«Ce sont des gars qui ont perdu le sens de la mesure, qui n'avaient plus aucune déontologie, et qui pour avoir des résultats, se comportent comme ceux qu'ils ont en face», a ajouté cette source.
Cette procédure n'est qu'une partie du scandale qui éclabousse la CSI de Seine-Saint-Denis. Le service, qui sera en partie dissous par les autorités, est visé par une quinzaine d'enquêtes préliminaires, sur la période 2018-2019.
Quatre autres enquêtes visant la compagnie ont été classées faute de preuve, a précisé une autre source proche du dossier. Enfin, une autre enquête a été close avec le renvoi en procès d'un policier. Il sera jugé le 5 novembre à Bobigny pour violence par personne dépositaire de l'autorité publique et faux en écriture publique.
Une vingtaine d’enquêtes ouvertes
Au total, ce sont donc une vingtaine d'enquêtes qui ont été ouvertes. Ces enquêtes concernent une dizaine de personnes, «ils ne sont pas du tout majoritaires dans la CSI» qui compte environ 150 fonctionnaires, a précisé l'une des sources proches de l'enquête.
Selon des sources policières, l'IGPN serait sur la piste de ces agents depuis plusieurs mois. Véhicules et vestiaires des personnes mises en cause auraient été sonorisés pour tenter de mettre au jour les pratiques «plus que douteuses» des policiers.
Les policiers de la CSI, c'est «comme des fous», ont raconté à l'AFP des jeunes rencontrés sur un point de deal de Saint-Ouen mercredi. «Ils te contrôlent pour te taxer la thune alors que j'avais même pas de drogue sur moi», a dit l'un d'eux.
Les CSI sont des services de police agissant au niveau du département. Elles sont composées d'unités spécialisées travaillant en tenue ou en civil. Elles participent à la sécurisation des quartiers et peuvent également participer à des missions de maintien de l'ordre.
Après ces révélations, le préfet de police de Paris Didier Lallement a demandé à la Direction de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (Dspap) de proposer une réorganisation des CSI sur Paris et la petite couronne, a-t-on appris de source policière.
Des précédents dans d’autres services
Dans le passé, des soupçons ont pesé sur d'autres policiers du département. Cinq policiers de la brigade anticriminalité (BAC) de Stains avaient ainsi été mis en examen en 2015, et l'un d'eux écroué, pour «association de malfaiteurs en vue de se livrer au trafic de stupéfiants».
Ailleurs en France, la justice avait, en juin 2019, renvoyé en procès 18 anciens membres d'une BAC des quartiers nord de Marseille pour des vols de drogue ou d'argent en marge d'interventions dans des cités.
En juillet 2019, sept policiers surnommés «les ripoux de Vénissieux» (Métropole de Lyon), et soupçonnés de corruption et de complaisance envers une fratrie sulfureuse avaient été condamnés à des peines avec sursis, un seul d'entre ayant été jugé coupable de faits de corruption.