À cause du Covid-19, le Togo se trouve privé de ses fêtes traditionnelles –ministre de l’Administration territoriale

Cette année, les Togolais ne pourront pas célébrer leurs fêtes traditionnelles. Ces moments de retour aux sources spirituelles, avec leur cortège de manifestations grand public, pourraient se révéler dangereux en période d’épidémie. Le gouvernement a donc décidé de limiter les regroupements aux seuls rituels, et les chefs traditionnels ont accepté.
Sputnik

Au Togo, les mesures gouvernementales prises en vue de limiter la propagation du Covid-19 priveront de nombreux peuples animistes de leurs fêtes traditionnelles dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

«Rentrée politique» au Togo, jeunes et évêques montent au créneau

Dans un entretien à Sputnik, Payadowa Boukpessi, ministre togolais de l’Administration territoriale, a cependant déclaré que les rituels, expression religieuse de ces manifestations, pourront néanmoins avoir lieu.

«Cette année, les fêtes traditionnelles se limiteront aux rituels. Ce sont ces rituels qui d’ailleurs constituent le fondement des célébrations, et non pas les danses et tout ce qui est folklorique. Donc, ce qui est purement au cœur de la tradition ancestrale sera permis, mais dans la limite du nombre de personnes autorisé par le gouvernement pour les regroupements», a déclaré à Sputnik Payadowa Boukpessi, ministre togolais de l’Administration territoriale.

Depuis le début du mois d’avril 2020, le gouvernement togolais a interdit, en effet, tout regroupement de plus de 15 personnes dans le pays qui a dépassé, en cette fin juin, la barre des 640 cas positifs. Les rituels peuvent se tenir sans enfreindre cette mesure de distanciation sociale.

Interdite, la conservation traditionnelle des corps a la peau dure au Togo
Ces célébrations, différentes selon les coutumes, sont généralement composées de cérémonies de libation et de prières aux mânes et aux ancêtres. Dans certaines communautés, on procède, à l’occasion, à des rituels initiatiques ou à des invocations des dieux à des fins de protection et de prospérité des fils et filles du village. Pour ce faire, les chefs traditionnels convoquent les chefs religieux et les prêtres vaudous qui conduisent, sous leur autorité, les rites.

Payadowa Boukpessi a affirmé qu’il n’était pas nécessaire que des personnes regagnent leur village si elles n’ont pas de rôle spécifique à jouer dans le déroulement des rituels.

Le ministre togolais a poursuivi en déclarant que la prochaine édition des fêtes traditionnelles au Togo serait conditionnée par l’évolution de l’épidémie.

«Si on arrive à trouver un vaccin qui marche, peut-être que l’édition 2021 pourra avoir lieu», espère Boukpéssi.

L’appel du gouvernement togolais a trouvé un écho favorable auprès des chefs traditionnels, qui sont les gardiens des us et coutumes.

Togbui Agokoli IV,  grand chef du peuple Ewé et porte-parole des chefs traditionnels du Togo, qui pensait pouvoir préparer avec sérénité sa fête Agbogbozan, a confié à Sputnik avoir   annulé l’édition de cette année et «appelle d’ailleurs ses pairs au respect de la décision du gouvernement».

«Tous les chefs traditionnels sont informés par le biais des préfets et comprennent pourquoi nous ne devons pas organiser des grandes fêtes cette année. Je les invite au respect de la décision du gouvernement pour prévenir nos populations contre le Covid 19», a déclaré Togbui Agokoli IV

Togo: la Fête de la musique au rythme d’une guerre contre le Covid-19 sur les réseaux sociaux
Dès le mois de juillet de chaque année au Togo, une vingtaine de fêtes traditionnelles s’enchaînent sur toute l'étendue du territoire national. Elles sont souvent des moments de communion autour desquels se développent d'autres événements.  

Parmi les festivités qui sont célébrées chaque année, il y a la fête Evala dans la région Kara, dans le Nord. Evala met aux prises des jeunes de 18 à 21 ans, de différents villages du peuple Kabyè, qui s’affrontent sur le sable fin. Il y a aussi Agbogbozan, la plus importante fête des éwés, l’ethnie la plus peuplée du sud du Togo. On peut aussi citer Epé-Ekpé ou la fête traditionnelle de la prise de la pierre sacrée célébrée chez les Guins, un peuple du sud du pays.

Discuter