Suite à l'accrochage meurtrier dans l'Himalaya entre les armées chinoise et indienne survenu à la mi-juin, l’Association des propriétaires d'hôtels et de restaurants de New Delhi a interdit à ses membres d’héberger et de servir les ressortissants chinois. Dans son interview accordée à Sputnik, Qiu Yonghui, experte de l’Institut des relations internationales de l'université du Sichuan, l’a qualifié d’acte de nationalisme et de discrimination raciale.
Les hôtels et les restaurants en Inde ferment leurs portes aux Chinois?
«Chaque fois que des problèmes surgissent dans les relations sino-indiennes, des campagnes de boycott des produits chinois sont lancées en Inde. […] Cela s’explique principalement par le déficit de New Delhi dans son commerce avec Pékin, bien que ce déficit soit lié à la structure des relations économiques entre ces deux pays. La campagne actuelle qui est sans doute la plus vaste et la plus puissante serait aussi liée au récent conflit frontalier entre la Chine et l’Inde dans la vallée de Galwan», a indiqué la spécialiste.
Elle a caractérisé comme une sorte de «suicide» économique les tentatives de l’Inde de politiser sa coopération d’investissement avec la Chine.
L’Inde peut-elle se passer des importations chinoises?
«La suspension des projets d’investissement avec trois sociétés chinoises dans l’industrie automobile et les constructions mécaniques a constitué une démarche irrationnelle de l’Inde. C’est que la coopération avec la Chine contribue à l’industrialisation et à l’emploi en Inde, répondant pleinement à la mise en œuvre du plan de [Narendra, ndlr] Modi: Make in India. Un tel comportement ressemble à un suicide économique. […] Il est dicté exclusivement par le populisme politique et nuit à l’Inde», a estimé Qiu Yonghui.
L’ampleur du boycott actuel des importations chinoises en Inde dépendra du règlement du conflit à la frontière, ainsi que de la capacité de l’industrie indienne à compenser l’absence des produits provenant de Chine, a déclaré à Sputnik Alexeï Kouprianov, de l'Institut d'économie mondiale et de relations internationales (IMEMO) de Moscou.
«Les appels au boycott des politiciens régionaux ne sont toutefois pas soutenus par le gouvernement central du Premier ministre indien Narendra Modi. Ces appels sont lancés par des partis qui essaient de gagner des points politiques, et leur lobbying est effectué par des groupes économiques auxquels profiterait le départ des marchandises chinoises du marché indien», a relevé M.Kouprianov.
Et de souligner que l’actuel boycott des marchandises chinoises en Inde n’était qu’une initiative locale.
«Ce n’est pas Modi qui ordonne de cesser de commercer avec la Chine. […] Par contre, l’Inde à tout intérêt à augmenter le chiffre d’affaires de son commerce avec la Chine», a résumé le Russe, ajoutant que les économistes indiens considéraient même la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis comme une chance exceptionnelle pour l’Inde de s’implanter sur le marché chinois.
Les observateurs constatent que l’Inde dépend beaucoup des importations chinoises, même si New Delhi tente de réduire sa dépendance vis-à-vis de Pékin.